BFM Business
Conso

Pénurie de blé dur: vers une hausse du prix des pâtes?

François Rouilly était l'invité ce jeudi matin de Good Morning Business. Le directeur général de Panzani s'inquiète de la pénurie de blé dur qui pèse sur le secteur et risque de faire grimper le prix des pâtes en magasin.

Manquera-t-on de pâtes cet hiver? Les fabricants français de pâtes alimentaires ont alerté cette semaine sur une pénurie à venir de blé dur en raison d'une succession de phénomènes climatiques dans les pays producteurs, notamment au Canada et en Europe. Une situation qui fait craindre une hausse du prix des pâtes dans le commerce.

Une "situation de crise"

"Nous sommes en situation de crise" car "il n'y aura pas assez de blé dur au niveau mondial pour répondre au besoin des fabricants de pâtes", résume ce jeudi matin François Rouilly, directeur général de Panzani, sur le plateau de BFM Business. "On estime qu'il va manquer à peu près 2 millions de tonnes, a-t-il précisé. Nous avons un risque de pénurie de pâtes au niveau mondial".

Pour le dirigeant du fabricant français de pâtes, "cette pénurie est liée au dérèglement climatique", évoquant en premier lieu a sécheresse au Canada, touché cet été par une vague de chaleur exceptionnelle.

"Le Canada est le premier producteur de blé dur au monde et surtout c'est le premier exportateur. On estime que sa production sera en recul de l'ordre de 30 à 40%", a-t-il poursuivi. Par ailleurs, les pluies très abondantes en Europe ont eu pour conséquence "une récolte assez basse, qui va être de l'ordre de 7,3 millions de tonnes pour un besoin de 9,5 millions de tonnes".

La France aussi concernée

Panzani regarde particulièrement la situation française, car le fabricant utilise 100% de blé français pour sa production hexagonale. Une situation où la baisse des niveaux de blé récoltés se combine avec une qualité moindre des grains.

"Il a plu de mi-juin à la moisson, et cela a clairement affecté la récolte, détaille François Rouilly. En France, en termes de quantité, nous sommes plutôt dans une moyenne basse, on a une qualité de blé dur assez hétérogène, une partie de ce blé sera assez difficile d’utiliser pour la fabrication de nos pâtes".

Vers une hausse des prix des pâtes en magasin?

Cette "situation de déséquilibre entre l'offre et la demande" pousse les prix du blé dur à la hausse. "Depuis le mois de juillet, le prix du blé dur en France a augmenté de plus de 30%", a assuré François Rouilly.

"Il va être urgent pour nous d’être capable de répercuter cette hausse des prix du blé dur auprès des prix de vente du consommateur et nous sommes en pourparlers avec la grande distribution pour voir comment gérer cette crise", alerte le directeur général de Panzani.

Cette hausse devrait cependant restée modérée pour le consommateur. Selon le Syndicat des Industriels fabricants de pâtes alimentaires de France (SIFPAF), qui s’était exprimée lors de la précédente crise du secteur en 2019, le prix du blé dur correspond à 75% du prix de revient d’un paquet, soit le coût de production des pâtes elles-mêmes, hors emballage, coût de transport, marges distributeur.

Lors de la crise de l’été 2007, où le prix du blé dur était passé de 170 euros la tonne au premier semestre à plus de 400 euros en novembre, les prix avaient augmenté à partir de décembre de 10 à 20 centimes par acte d’achat, rappelait alors le magazine spécialisé LSA. Selon le site terre-net.fr, le cours du blé dur était ce mercredi de 335 euros la tonne, contre 270 euros le 7 juillet.

"Pour un Français qui mange 9 kilos de pâtes par an, si le blé dur augmente de 5%, cela va représenter 2 centimes par kilo de pâtes donc on est sur des niveaux de hausse pas très élevés", expliquait ce matin sur RMC Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA.

Dominique Schelcher, le PDG de Système U, s'est lui aussi voulu rassurant ce jeudi sur RTL.

"Il y a un industriel qui a pris la parole cette semaine, un producteur de pâtes. Lui a cité un chiffre d’environ 10 centimes le paquet. Nous n’en sommes pas là encore une fois, a relativisé Dominique Schelcher. Les discussions sont en cours. La grande distribution fait toujours tout pour réduire l’impact de ces hausses".
Jérémy Bruno Journaliste BFMTV