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Philip Morris: le cigarettier peut-il devenir une entreprise… RSE?

Le PDG de Philip Morris International a fait part de son envie de transformer son groupe en entreprise respectant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. Un virage osé et loin d'être concrétisé.

Philip Morris, future entreprise responsable qui répond aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG)? L'hypothèse peut paraître farfelue mais le PDG du cigarettier américain y croit dur comme fer, dans une interview donnée au Financial Times. Interrogé par le quotidien économique sur la possibilité pour son entreprise d'être qualifiée pour les critères ESG à l'avenir, Jacek Olczak a répondu: "Je le pense oui."

Mais le PDG de Philip Morris International estime qu'en s'éloignant progressivement des produits à base de tabac traditionnels, son groupe adopte une responsabilité sociale et environnementale. Derrière cette profession de foi inattendue, surtout la veille de la Journée mondiale sans tabac, se cache en réalité un enjeu d’investissement conséquent.

Une transition vers des produits moins nocifs

Jacek Olczak fait valoir que Philip Morris est en train de changer de modèle. Fabriquant historique de cigarettes, le groupe, qui possède également les marques Malboro et Chesterfield, a adopté depuis quelques années une stratégie commerciale visant à anticiper le déclin continu des ventes de cigarettes classiques.

Résultat de cette transition: aujourd'hui, un tiers des revenus du groupe provient des alternatives au tabac moins nocives, comme les cigarettes à chauffer et autres produits à base de vapeur de nicotine. Avec comme objectif d’atteindre 50% du chiffre d'affaires d’ici deux ans. Jacek Olczak met également en avant les efforts de transparence faits par son entreprise.

"[PMI est] au premier plan en matière de reporting sur la méthodologie, sur la transparence et sur l'évaluation de la matérialité", plaide-t-il.

Le PDG de Philip Morris estime donc mériter ces critères ESG. Et d'ajouter que 10% de sa propre rémunération est désormais liée aux objectifs environnementaux et sociaux.

Le travail des enfants, une problématique non réglée

Sauf que les déclarations de Jacek Olczak n'effacent pas le terrible bilan du tabac en matière de santé publique. Pour rappel la cigarette est la première cause de décès évitable dans le monde. L’an dernier, Philip Morris en a vendu plus de 600 milliards.

Par ailleurs, le PDG du groupe le reconnaît lui-même auprès du "FT": il y a encore un problème en matière de travail des enfants dans les plantations de tabac. Les critères ESG sont donc encore loin d’être atteints.

Mais l’enjeu pour Philip Morris, c’est de se positionner pour peut-être réussir à faire revenir des investisseurs institutionnels. Il faut dire que les investissements ESG sont désormais le segment à plus forte croissance de la gestion d'actifs.

Clément Lesaffre