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Le PDG de Système U assure que c'est "avec les grandes marques" que les négociations dysfonctionnent

Dans un entretien à La Tribune Dimanche, le PDG du distributeur dénonce les écarts de prix des multinationales agroalimentaires en Europe.

Sur le front de l'inflation alimentaire, les négociations entre distributeurs et grands industriels se sont achevées. Mais pour Dominique Schelcher, PDG de Système U, il faut désormais véritablement changer les règles du jeu.

Dans un entretien à La Tribune Dimanche, le dirigeant répète que "certaines dispositions (de la loi Egalim) ne fonctionnent pas à l'usage. Nous aimerions qu'elles puissent être modifiées: une plus grande transparence au bénéfice des revenus des agriculteurs serait nécessaire. Environ 30% seulement des industriels jouent réellement le jeu de la transparence sur leurs tarifs. Les autres se contentent de fournir des certificats émis par des commissaires aux comptes, en se gardant bien de les détailler".

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Dominique Schelcher dénonce à nouveau des "clauses d'indexation prévues par la loi en fonction des hausses ou des baisses des matières premières agricoles (qui) posent problème dans la pratique, puisque nous ne sommes pas d'accord sur les critères. De surcroît, certains contrats n'en comportent même pas... Le législateur doit fixer de nouvelles règles, en particulier pour les industriels. Nous proposons qu'elles s'inspirent des contrats tripartites signés pour nos produits sous marque de distributeur".

Les déréférencements sont "inefficaces"

Les grandes marques sont d'ailleurs celles qui posent le plus de problèmes au PDG. "En fait, c'est le cadre de négociations avec les grandes marques qui dysfonctionne le plus aujourd'hui. Alors que la majorité des problèmes y est concentrée", souligne-t-il.

Et de détailler: "Une quarantaine de grands groupes ont une vision mondiale de leur activité et de leurs marques. Leur taille les protège, à tel point qu'elle rend même un éventuel déréférencement inefficace. Leurs prix diffèrent selon les pays pour un même produit, y compris à l'intérieur du marché européen. Pour un indice de prix 100 au niveau européen, on peut avoir 102 en Allemagne, moins de 100 en Espagne... mais 115 en France".

"De tels écarts ne sont pas supportables! Nous aussi, nous souhaitons discuter à l'échelle de l'Union européenne. Et trouver des solutions européennes, un cadre précis, serait bénéfique pour tous. C'est le cas pour beaucoup de secteurs. Je ne vois pas pourquoi la grande distribution n'y aurait pas droit", estime Dominique Schelcher.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business