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La Poste résiste au déclin du courrier

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Face à la baisse des volumes de courrier, la Poste mise, avec succès, sur les colis et les services. Le groupe public a dévoilé ce jeudi un bénéfice net et un chiffre d'affaires en hausse pour 2019.

Une mutation gagnante? Confrontée depuis plusieurs années à la baisse des volumes de courrier transportés, la Poste a poursuivi en 2019 sa diversification dans les colis et les services, terminant l'année avec des résultats en progrès. Le groupe public a publié jeudi un bénéfice net en hausse de 3%, à 822 millions d'euros en 2019, dernier exercice avant sa prise de contrôle par la Caisse des dépôts et la reprise de CNP Assurances par la Banque postale, baptisée "opération Mandarine". Le chiffre d'affaires du groupe public a augmenté de 5,2% à 25,983 milliards d'euros.

"C'est une bonne année pour La Poste" avec "des résultats solides qui confirment la puissance de notre modèle multi-activités face à une conjoncture difficile", a commenté le PDG Philippe Wahl. La grande difficulté de La Poste reste en effet de faire face à la décrue du courrier traditionnel, qui s'accélère encore devant l'inexorable montée en puissance d'internet et des échanges électroniques.

La baisse des volumes, de 7,8% l'an dernier, n'a été qu'en partie compensée par l'augmentation des prix des timbres au 1er janvier (+4,9% en moyenne). Mais la hausse des envois de Colissimo, la croissance de l'international et le développement des services de proximité permettent à la branche Services-Courrier-Colis d'afficher un chiffre d'affaires pro forma stable (+0,1%). En incluant des acquisitions, celui-ci progresse de 5,8% à 12,376 milliards d'euros.

Le chiffre d'affaires de la branche GeoPost (colis rapide et express, en France à l'international) a poursuivi sa croissance, porté par l'essor du commerce électronique: il a progressé de 6,7%, à 7,768 milliards d'euros. Le résultat d'exploitation de la branche Services-Courrier-Colis a baissé de 17,4%, à 410 millions d'euros, tandis que celui de GeoPost est en légère diminution, "dans un contexte de Brexit [affectant] le marché européen, de poursuite des tensions sur les coûts de livraison et de transport et du déploiement des activités de logistique urbaine", à 379 millions.

"Proximité humaine"

La Banque Postale affiche pour sa part une hausse de 1,4% de son produit net bancaire (PNB), à 5,647 milliards d'euros. Son résultat d'exploitation est en légère hausse, à 820 millions. L'objectif pour Philippe Wahl est de diversifier assez La Poste pour faire passer le chiffre d'affaires du courrier traditionnel "en dessous de 20%" du total du groupe en 2020. Il en était à 25,6% en 2019. Il s'agit pour lui de maintenir une présence sur le territoire et de continuer à assurer des tournées de facteurs six jours sur sept.

"L'essentiel de notre stratégie repose sur notre proximité humaine. (...) Ce n'est pas le moment de supprimer cet actif-clef", a-t-il expliqué à des journalistes. D'où le développement de services – comme le numérique ou la livraison de repas aux personnes âgées – et des acquisitions, comme celle de Bartolini, le leader du colis en Italie.

La Poste doit maintenant changer de dimension avec la réalisation de l'opération "Mandarine", qui doit être finalisée en mars – une fois obtenus le feu vert des autorités de la concurrence russes – selon Philippe Wahl. Elle passera alors sous le contrôle de la Caisse des Dépôts, celle-ci en détenant 66% et l'État 34%, tandis que la Banque Postale détiendra 62% de CNP Assurances.

Le groupe ainsi formé aurait réalisé en 2019 un résultat net de 1,4 milliard d'euros, sur un chiffre d'affaires de 29,7 milliards. Accessoirement, le rapprochement devrait permettre de passer à temps sous la barre des 20% pour le courrier – un objectif qui n'aurait sans doute pas été atteint sans CNP, a reconnu Philippe Wahl.

"Pas encore d'effets" du coronavirus

La direction prédit pour 2020 un chiffre d'affaires "en progression organique" s'ajoutant à l'effet périmètre liée à la prise de contrôle de CNP Assurance. Quant au coronavirus, c'est "un sujet de préoccupation (...) car il commence à avoir des effets sur les chaînes logistiques en Asie", a noté le patron de la Poste, qui ne voit "pas encore d'effets en Europe".

Philippe Wahl, qui doit se succéder à lui-même pour un nouveau mandat de cinq ans une fois l'opération finalisé, a annoncé le lancement d'"une grande consultation", commençant par les postiers, pour préparer le prochain plan stratégique jusqu'en 2030.

J. B. avec AFP