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Pour la Cour des Comptes, la Poste doit supprimer une partie de ses 131.276 boîtes aux lettres de rue

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Alors que le volume de lettres pourrait baisser de 9 à 5 milliards l'an entre 2018 et 2025, la Poste ne devrait plus maintenir en l'état son parc comprenant 131.276 boîtes implantées dans la rue, estime la Cour des comptes. Le PDG de l'entreprise publique convient de la nécessité d'une adaptation.

La Poste continue de faire face à une érosion continue de son activité de base qu'est le courrier, ce qui l'oblige à se moderniser en repensant à la fois ses métiers et son organisation. "Le recul du courrier s’est encore amplifié : le volume de lettres à distribuer est passé de 18 milliards en 2008 à un peu plus de 9 milliards en 2018 et pourrait baisser, si la tendance se poursuit, à 5 milliards en 2025" constate le dernier rapport de la Cour des comptes.

En 2018, pour la première fois, le compte du service universel postal a même été en déficit (365 millions d'euros en coûts complets), selon ce document. La Cour souligne les efforts de modernisation déjà accomplis par l'entreprise publique depuis 2014, mais elle lui suggère d'aller plus loin dans l'adaptation de son activité, alors que "le réseau de traitement et de distribution du courrier se caractérise par des coûts fixes prédominants".

Le nombre de boîtes aux lettres baisse moins que le courrier

Parmi les suggestions formulées figure l'adaptation du nombre de boîtes aux lettres de rue de la Poste (celles de couleur jaune) sur la voirie, pour tenir compte de l'inexorable recul du courrier à distribuer.

Or, la France compte un parc de 131.276 boîtes aux lettres de La Poste (métropole) qui, même si sa taille diminue, "a une évolution qui reste en deçà de celle des plis envoyés (cf infographie ci-dessous). En outre, le parc français de boîtes aux lettres de rue est parmi les plus denses en Europe, avec notamment une boîte pour 200 habitants en zone rurale, certaines d’entre elles étant assez rapprochées, et parfois, en zone urbaine, jusqu’à trois boîtes dans un rayon de 300 mètres" souligne la Cour.

Parc de boîtes aux lettres de La Poste : évolution comparée avec les correspondances

Par ailleurs, la Cour estime qu'il conviendrait aussi de faciliter l'accès des facteurs aux boîtes aux lettres des particuliers. Leur localisation impose parfois au facteur d’effectuer un trajet important, en particulier dans les zones rurales. "Le surcoût lié à la desserte de points de distribution situés à l’intérieur des propriétés (2,15 millions soit environ 8,5% des points à desservir) représenterait 37,8 millions d'euros par an", souligne la Cour. Outre la distribution sur le "dernier kilomètre", les facteurs assurent, six jours sur sept, la collecte des plis auprès des entreprises et dans les boîtes aux lettres de La Poste, ajoute-t-elle.

Compte tenu de ces contraintes, le rapport suggère prioritairement "une adaptation" du nombre de boites aux lettres (jaunes) La Poste pour optimiser les coûts des tournées, sur le premier kilomètre, et de libérer du temps d’agent". Cette mesure ne pourrait toutefois "être réalisée qu’en associant les collectivités territoriales et en prenant en compte le rôle de La Poste en matière d’aménagement du territoire".

Dans sa réponse à la Cour, le PDG de La Poste convient que le parc de boîtes aux lettres de rue, le plus étendu en Europe, devra être adapté en raison de la chute des volumes de courrier remis par les particuliers (de 2,3 milliards d’objets en 2008 à 1,3 milliard d’objets en 2018, soit -46 %). Une évolution qui devra être "menée en tenant compte des besoins réels des clients expéditeurs et en concertation avec les collectivités locales" conclut-il.

Frédéric Bergé