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La Chine ouvre la voie à une IPO d'Ant Group, symbole du rapprochement avec le monde de la tech

La filiale d'Alibaba était en froid avec les autorités depuis plus d'un an après des déclarations de son patron, Jack Ma, jugées trop critiques à l'égard du régime.

Dégel à Pékin. La People's Bank of China a accepté d'examiner la demande de la compagnie Ant Group de créer une holding financière: pour aussi technique que soit cette décision, elle est un marqueur fort de la volonté des autorités d'assouplir ses relations avec ce géant du paiement, filiale du mastodonte Alibaba.

L'examen de cette demande devrait en effet aboutir à une entrée en bourse de la firme, alors que la Chine avait débranché cette opération et retiré sa licence à Ant en 2020. L'IPO d'Ant Group était pourtant extrêmement attendue par les milieux d'affaires - générant une demande pour les titres émis de près de 3000 milliards de dollars.

Mais son patron d'alors, le magnat Jack Ma, 32e fortune mondiale selon Bloomberg, avait été mal vu par le pouvoir à la suite de propos critiques à l'égard du système financier chinois, strictement encadré.

En retour, Pékin accuse les grands groupes du numérique, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) d'abuser de leur position dominante sur des marchés devenus des monopoles. La puissance financière des groupes et leur refus de partager certaines données relatives aux utilisateurs au pouvoir central irritent aussi les hautes sphères du parti communiste chinois.

Pic de ces tensions, Jack Ma avait disparu de la circulation pendant 3 mois avant de réapparaitre dans une vidéo, expliquant que tout allait bien.

Tendance de fond dans la tech chinoise

La décision prise à l'égard d'Ant Group et d'Alibaba n'est pas isolée: alors qu'il avait recueilli près de 3,4 milliards d'euros d'amendes anti-trust en 2021, l'exécutif chinois multiplie les signes d'apaisement.

Le service de VTC local, Didi, a ainsi vu ses poursuites judiciaires arrêtées, alors que Pékin réclamait qu'il fasse preuve de plus de transparence concernant sa collecte de données personnelles.

Dans le domaine du jeu vidéo, dont le Parti estime qu'il est nocif aux enfants et adolescents, des licences sont de nouveau accordées par les autoriés alors qu'elles avaient été stoppées pendant 9 mois, affectant par exemple la performance de Tencent.

Valentin Grille