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"Il n’y a rien à fêter": à l'usine Renault de Flins, une page se tourne avec la dernière Zoé

L’usine de Renault va produire ses dernières voitures cette semaine. Le site sera désormais consacré à l’économie circulaire. La reconversion n’est pas toujours simple pour les salariés.

La date est cochée dans le calendrier. Vendredi 29 mars, une ultime Zoé va sortir des lignes de production de l'usine Renault de Flins. Cela fait maintenant quatre ans que les salariés de l’usine se préparent à ne plus fabriquer de voitures. Florent Vandenborne se souvient de l’annonce de l’arrêt de la production, en 2020: "ça a été très mal pris", raconte le leader de la section CFE-CGC de Flins.

"Ça a été très dur pour le personnel, un vrai coup de massue. Depuis 1970 nous fabriquions des voitures", relate-t-il encore. "J’ai des frissons rien que d’en parler."

En 2020, Luca de Meo, fraîchement arrivé chez Renault, prend une décision qui va transformer le visage du site. Pour sauver Flins, qui dans les années 1990 a produit jusqu’à 2.000 voitures par jour, le directeur général du constructeur décide de convertir le site à l’économie circulaire.

À Flins, les activités automobiles de demain

Aujourd’hui une quinzaine d’activités s’y côtoient. "Il y a d’abord la Renew Factory, c’est-à-dire la remise en état des véhicules d’occasion, la plus importante activité aujourd’hui à Flins", explique Mounir Mestari, délégué central de Force Ouvrière de Renault. "Il y a aussi une activité de reconditionnement des pièces mécaniques moteur, boîte de vitesse, turbo, injecteur…". Et il résume: "ce sont toutes les activités automobiles de demain".

Sur le site, on trouve également un campus de formation, une zone de fabrication de piles à combustible ou encore un incubateur de start-up.

Sous le choc il y a quatre ans, les salariés de Flins se sont aujourd’hui fait une raison. Certains applaudissent même maintenant des deux mains le choix de la direction. Éric Contoux, par exemple, ne cache pas sa fierté.

"Faire de l’économie circulaire c’est aujourd’hui plus valorisant que de fabriquer des voitures", sourit le secrétaire Force Ouvrière de l’usine. "Il fallait qu’on tourne une page, on est dans le bon timing."
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Renault fait du "bricolage"

La direction de Renault assure que 90% des salariés ont été reclassés sur de nouvelles activités, et que 160.000 heures de formation ont été données. D’ici 2030, 3.000 personnes seront en CDI à Flins, affirme encore le constructeur. Ce discours ne convainc pas tout le monde sur le site. "Renault fait du bricolage", s’insurge Ali Kaya, délégué CGT de l’usine.

"Beaucoup d’activités sont incertaines. Ce qui est acté en revanche, c’est que Flins a perdu 2.000 emplois depuis le début de la transformation du site", dénonce-t-il. Pour le salarié, qui travaille depuis 27 ans dans l’usine, la coupe est pleine.

"En réalité, c’est une hécatombe, la menace de fermeture est réelle, l’usine est extrêmement fragilisée."

À Flins, on est donc encore un peu partagé. Les salariés ont cependant tous décidé de ne pas célébrer la fabrication de la dernière Zoé. "Il n’y a rien à fêter", glisse un employé. Chez Renault, on est sûr de son choix. Le groupe estime que 45.000 voitures seront reconditionnées sur le site dès l’année prochaine.

Justine Vassogne