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Gigafactory: pour le patron d'ACC, "s'installer aux Etats-Unis compte tenu de l'IRA devient intéressant"

Au lendemain de l'inauguration de la première gigafactory française, le président d'Automotiv Cells Company a indiqué que certaines des 9 prochaines usines de l'entreprise pourraient sortir de terre outre-Atlantique, sous l'impulsion de l'IRA.

Automotive Cells Compagny (ACC) cède déjà au chant des sirènes de l'Inflation Reduction Act (IRA). Le président de la co-entreprise de Stellantis, Mercedes-Benz et TotalEnergies était l'invité de Good Morning Business ce mercredi matin, au lendemain de l'inauguration de la première usine française de batteries électriques dans le Pas-de-Calais. A cette occasion, Carlos Tavares avait indiqué réfléchir "à de nouvelles usines aux États-Unis".

"Nous en avons déjà deux [en Amérique du Nord]: une au Canada qui fait l’objet de discussions avec le gouvernement canadien, une autre aux États-Unis, expliquait le directeur général de Stellantis. Nous savons que nous allons avoir besoin d’une troisième voire d’une quatrième aux Etats-Unis. Evidemment que l’IRA américain crée des conditions très favorables pour ces investissements."

Sur BFM Business, Yann Vincent a réagi à ces déclarations sur l'IRA, dont les subventions généreuses sont perçues comme une menace pour l'industrie européenne depuis l'annonce du plan en août dernier. Le patron d'ACC a confirmé qu'il regardait le marché américain en raison de ses perspectives de croissance "identiques à celles de l'Europe" alors que neuf usines équivalentes à celles de Billy-Berclau doivent voir le jour:

"S’y installer compte tenu des mesures de l’IRA devient particulièrement intéressant."

Produire pour consommer sur place

Au micro de France Inter ce matin, Bruno Le Maire s'est pourtant réjoui de cette méga-usine comme une "preuve que nous pouvons livrer le combat face à la Chine et aux Etats-Unis et qu’il faut investir massivement dans le véhicule électrique".

La veille dans les Hauts-de-France, le ministre de l'Economie et des Finances avait rappelé la nécessité d'un "IRA européen qui défende nos intérêts industriels" afin d'éviter "une hémorragie industrielle vis-à-vis des Etats-Unis". C'est pour cette raison que Yann Vincent à précisé qu'il souhaitait corréler les sites de production avec les marchés ciblés dans le cadre de sa stratégie d'implantation:

"Nous regardons cette opportunité [l'IRA] pour produire pour la consommation américaine, pas dans une perspective où nous réexporterions la production vers l’Europe […] La logistique d’une batterie électrique est extrêmement coûteuse et transporter une batterie électrique de la Chine vers l’Europe coûte évidemment plus cher que de la produire et de la consommer en Europe."

Par ailleurs, le président d'ACC a insisté sur l'objectif de compétitivité fixé par les deux actionnaires constructeurs, Mercedes et Stellantis. "L’usine que nous avons construite est la meilleure en termes de coûts et de planning, a-t-il expliqué. Nous avons un coût du travail qui est en notre défaveur par rapport à des pays comme la Chine mais qui a finalement une part limitée dans le coût de la batterie. Enfin, pour autant que nous arrivions à maîtriser le coût de l’énergie, nous pourrions avoir un avantage concurrentiel par rapport à certains pays asiatiques."

Timothée Talbi