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Après Airbus, Bruno Le Maire voit dans les batteries électriques "le successeur de l'aéronautique européenne"

Présent dans le Pas-de-Calais pour inaugurer la première usine française de batteries électriques, le ministre de l'Économie et des Finances a évoqué "un grand jour pour l'industrie en France et en Europe".

La première gigafactory française marque-t-elle la naissance d'un nouveau champion européen? Bruno Le Maire veut y croire et s'est risqué à une comparaison audacieuse lors de son discours à l'occasion de l'inauguration de la première usine produisant sur le sol français des batteries pour voiture électrique, à Billy-Berclau dans le Pas-de-Calais.

"Aujourd’hui est un grand jour pour l’industrie en France et en Europe, s'est réjoui le patron de Bercy. Pour la première fois depuis Airbus, la France et l’Europe créent une nouvelle filière industrielle. L’aéronautique européenne a enfin un successeur: les batteries électriques."

Le ministre a rappelé que ce site d'Automotive Cell Company (ACC), coentreprise de Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz était le premier des quatre usines de batteries pour automobiles électriques qui vont ouvrir dans la Vallée de la batterie.

D'ici 2030, elles devraient générer plus de 20.000 emplois selon les professionnels du secteur. "Nous touchons du doigt le monde industriel de demain: propre, technologique et compétitif", a estimé Bruno le Maire.

"L'Union européenne doit montrer ses muscles"

En poste depuis six ans, le ministre de l'Economie et des Finances a rendu hommage à son ancien homologue allemand Peter Altmaïer, essentiel dans la genèse de ce projet. "En 2017, il m’avait dit qu’il y avait trois mots tabous dans la politique européenne: aide d’État, politique industrielle et émission de dette en commun, se souvient-il. Maintenant, non seulement nous les prononçons mais l’Europe est capable de changer d’état d’esprit."

Un changement d'état d'esprit qui s'est traduit par un important soutien public financier, aussi bien allemand que français, pour un montant total supérieur à un milliard d'euros (1,2 milliard d'euros précisément).

"Ce n’est que le début de la bataille pour la réindustrialisation et la restauration de notre puissance industrielle. L’Union européenne doit montrer ses muscles."

Si le ton du patron de Bercy était résolument optimiste, il a rappelé que la bataille de la réindustrialisation européenne n'était pas encore gagnée. "A l’est, la Chine ne nous fera aucun cadeau, ni sur les voitures, ni sur les lanceurs spatiaux, ni sur les avions et leur niveau technologique n’est en rien incomparable au nôtre si ce n’est supérieur", a-t-il insisté.

Vis-à-vis des Etats-Unis, Bruno Le Maire alerte sur le risque "d’hémorragie industrielle européenne" qui nécessite "un IRA européen" pour "défendre nos intérêts industriels."

Pour livrer cette bataille, le ministre a mis l'accent sur trois enjeux: l'innovation dans les technologies de demain telles que les matériaux rares, le déploiement du financement européen et la protection sur tous les fronts, des intérêts économiques aux emplois en passant par les ouvriers eux-mêmes. "Notre projet de loi pour l’industrie verte et ses différentes mesures doivent nous permettre d’accélérer la transition écologique", a-t-il conclu.

Timothée Talbi