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Comment Toyota veut faire décoller la voiture à hydrogène

Le constructeur japonais commercialise depuis quelques jours la deuxième génération de sa Mirai, sa berline électrique à pile à combustible à hydrogène. Avec un prix en baisse, ce modèle marque-t-il la démocratisation de cette nouvelle technologie?

Une allure de berline coupé 4 portes, un bleu qui se remarque au premier coup d’œil, un peu moins de 5 mètres de long. Malgré son déplacement totalement silencieux, la nouvelle Toyota Mirai ne passe pas inaperçue.

Un "saut générationnel"

Cette deuxième génération de la voiture à hydrogène de Toyota est commercialisée depuis le 10 février en France, et l’objectif est clair. "C’est un vrai saut générationnel", résume Franck Marotte, le président directeur général de Toyota France.

Plus d’autonomie (650 kilomètres contre 500 pour la première Mirai), davantage de places pour les passagers (près de 20 centimètres en plus), Toyota veut en offrir plus à ses clients à un tarif plus bas: 11.000 euros de moins que la première génération, grâce à un travail sur les composants et à une production annuelle plus élevée.

Toyota doit aisni produire 30.000 Mirai cette année, contre seulement 3000 par an sur la précédente version, de quoi réaliser des économies d'échelle. "Sur ces nouvelles technologies, les coûts baissent très rapidement", poursuit Franck Marotte. Moins chère et plus performante, la Mirai II doit séduire plus de clients, même à plus de 65.000 euros l’unité.

Toyota n’est surtout plus le seul constructeur avec Hyundai sur ce créneau. PSA, Renault, BMW, Jaguar-Land Rover, de nombreux groupes ont des projets sérieux de véhicules à pile à combustible.

Décollage attendu de l'hydrogène

Les gouvernements multiplient aussi les plans de soutien: 7 milliards d’euros annoncés en France d’ici à 2030, 8 milliards en Allemagne. 2021 sera-t-elle l’année de la démocratisation de la voiture à hydrogène?

Contrairement à l'électrique sur batterie, qui a vu ses ventes décoller en 2020, la voiture à hydrogène n'a pas encore séduit le grand public. Seuls 400 exemplaires circulent aujourd'hui en France, tous détenus par des professionnels. Il faut dire qu'avec une dizaine de stations à 700 bar capables de faire le plein d'hydrogène sur tout le territoire, on est encore loin des près de 11.000 stations-service classiques, ce qui rend difficile d'imaginer un usage simple "au quotidien". D'autres stations à 350 bars sont également disponibles, mais

Il existe deux types d’usage pour le véhicule à hydrogène: celui des professionnels comme les véhicules de société, les taxis, les utilitaires, et celui des particuliers, résume Valérie Bouillon-Delporte, porte-parole de AFHYPAC (l'association française pour l'hydrogène et les piles à combustible). Pour les particuliers, qui se servent de leur voiture au quotidien, sur des trajets domicile-travail, mais aussi pour partir en week-end. Il faut donc une densité assez élevée de stations sur tout le territoire. En revanche, pour des flottes de professionnels, des flottes captives, il est plus facile d’installer des stations propres à ces flottes, elles peuvent donc se développer avec un réseau de station moins dense."

En 2023, l'association anticipe une flotte de 5000 véhicules qui roulent à l’hydrogène en France, 300.000 en 2030.

Des poids lourds à hydrogène à partir de 2025

Le véritable détonateur est attendu pour 2025, avec des poids lourds qui seront obligés de réduire de manière importante leurs émissions de CO2. La baisse programmée sera de l'ordre de 15% ce qui implique qu'entre 6 et 10% de la production destinée à l'Europe soient des camions électriques, et donc à hydrogène.

En conséquence, les stations devront se multiplier pour accompagner ce développement, donnant la possibilité pour plus d'entreprises mais surtout de particuliers de s’équiper. En attendant, en 2020 en France, Toyota espère commercialiser 1000 Mirai cette année, dont 600 pour remplacer des taxisà moteur thermique.

Notre objectif est de passer à la mobilité décarbonée sans que les clients soient pénalisés dans leurs usages. Les taxis ne sont par exemple pas compatibles avec l’électrique à batterie, car c’est un usage à forte rotation. L’électrique avec une pile à combustible est en revanche appropriée", souligne Franck Marotte.

Pour le président de Toyota France, la voiture hydrogène grand public devrait se développer plutôt courant 2030, avec un prix qui pourrait alors tomber à 30.000 voire 25.000 euros.

Pauline Ducamp et Julien Bonnet