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Comment le cuivre est devenu un métal d'avenir

Découvert il y a 6000 ans, le premier métal travaillé par l'homme voit son cours grimper en flèche depuis la pandémie. Outre la demande immédiate, il sera un des piliers de la transition énergétique.

L'autoroute A13, qui relie la Normandie à Paris, a connu des embouteillages monstres, dimanche. La faute à un vol de câbles en cuivre dans un local technique qui a déconnecté des dispositifs de sécurité... Une preuve de plus de l'intérêt croissant pour ce métal alors que les vols se multiplient depuis plusieurs mois.

Courant octobre, le cours du cuivre a atteint 9300 euros la tonne contre 4485 euros au début de la pandémie du coronavirus. Une croissance inédite et un nouveau record historique pour le cuivre, en pleine relance de l'économie mondiale.

Car le cuivre est partout: dans le secteur du bâtiment, des transports, des télécommunications ou encore de l'industrie… Sa malléabilité et sa conductivité le rendent indispensable dans les systèmes électriques ou encore dans les semi-conducteurs, toujours en pénurie mondiale.

Après l'arrêt forcé de l'économie en 2020, la reprise mondiale a mécaniquement entraîné une demande croissante et donc un bond des prix. En réalité, cette demande était déjà tirée vers le haut avant le Covid-19. Fitch Solutions prévoyait que celle-ci devait passer de 23,6 millions de tonnes en 2018 à 29,8 millions de tonnes d'ici 2027.

L'Amérique du sud, leader de l'extraction

Le chiffre sera probablement plus important avec l'accélération de la transition énergétique, dans un contexte de crise des énergies fossiles. On retrouve ainsi le cuivre dans les voitures électriques tout comme dans les énergies renouvelables, notamment les parcs éoliens.

Cette perspective promet des tensions en approvisionnement, comme l'indique le gestionnaire du réseau public RTE, dans son rapport sur le futur énergétique de la France. "Les capacités minières ne sont probablement pas suffisantes en l’état pour absorber une forte croissance de la demande" indique RTE.

Aujourd'hui, le principal producteur de cuivre est le Chili avec 5,7 millions de tonnes de cuivre extrait en 2020 devant le Pérou (2,2 millions), la Chine (1,7 million), la République démocratique du Congo (1,3 million) et les Etats-Unis (1,2 million).

Bonne nouvelle, les réserves ne manquent pas avec des ressources identifiées à hauteur de 2.100 millions de tonnes de cuivre et probablement le double qui n'ont pas encore été découvertes. D'autant que les industriels recyclent de plus en plus le cuivre déjà exploité. Mais les projets miniers, en Afrique et en Amérique, seront cruciaux pour assurer la demande dans l'avenir.

Quel rôle pour l'Europe?

Pour autant, cette demande croissante met davantage en lumière la situation sociale dramatique dans certaines mines, notamment en République démocratique du Congo mais aussi l'impact environnemental parfois catastrophique de l'extraction minière. Une situation qui risque de limiter l'ouverture de nouvelles mines.

Enfin, grande absente des pays-producteurs, l'Europe prend le risque d'être une nouvelle fois dépendante des importations étrangères. Si bien que la perspective de rouvrir des mines sur le continent refait surface depuis quelques années. En 2019, le Conseil économique, social et environnemental avait même imaginé relancer des exploitations en France pour certains métaux critiques.

De façon plus réaliste, l'Union européenne entend sécuriser l’approvisionnement des matières premières critiques avec la création l'année dernière de l’Alliance européenne pour les matières premières critiques (ERMA). L'idée est de maintenir des acteurs du continent au sein de la filière de l'extraction (comme le français Eramet), tout en poussant pour des règlementations plus strictes. Autre axe: accélérer les "mines urbaines", à savoir le recyclage des métaux.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business