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Ces constructeurs qui comme Porsche ont choisi d’arrêter le diesel

Une Porsche Panamera diesel photographiée en 2009.

Une Porsche Panamera diesel photographiée en 2009. - FABRICE COFFRINI / AFP

L’annonce du constructeur allemand a fait grand bruit. Porsche n’est pas le seul à avoir fait ce choix, une décision plus facile à prendre quand les ventes de diesel restent confidentielles.

Les puristes diront que c’est la fin d’une incongruité, voire d’un sacrilège (pour les plus intransigeants). Porsche a finalement décidé le week-end dernier de ne plus commercialiser de diesel.

"Porsche ne diabolise pas le diesel. Il est et restera une importante technologie de propulsion, confie Oliver Blume, président du directoire de Porsche, cité dans un communiqué de la marque de sport. Mais, en tant que fabricant de voitures de sport pour qui le diesel a toujours joué un rôle secondaire, nous sommes parvenus à la conclusion que nous voudrions avoir un avenir sans diesel".

Des ventes diesel très limitées

L’expression "rôle secondaire" qualifie bien l’influence du diesel dans les ventes de Porsche. En 2017, les motorisations diesel ne représentaient que 12% des ventes mondiales de la marque. Même en France, bastion du diesel, seuls 11% du parc Porsche roulent au gazole, avec des ventes de seulement 6% depuis le début de l’année, selon des chiffres exclusifs de notre partenaire de la donnée AAA Data. Ces motorisations se retrouvent essentiellement sur des modèles adaptés au diesel car imposants et dédiés au longs trajets: les SUV Cayenne, et Macan, et la berline Panamera. La marque allemande ne commercialisait déjà plus de diesel aux Etats-Unis, suite au dieselgate. L’idée d’une sortie du diesel avait en réalité émergé dès l’été 2017 dans la réflexion des dirigeants de Porsche.

"Le diesel n’est pas dans la culture de Porsche, le constructeur ne fabriquait pas lui-même ses moteurs, mais les prenait dans la banque du Groupe Volkswagen, rappelle Fabrice Godefroy, président de l’association Diéselistes de France. Je me souviens que lorsque Porsche a lancé le diesel, certains concessionnaires de la marque disaient aux clients intéressés: ‘En fait, vous voulez une VW déguisée en Porsche’".

Volvo et Toyota avant la marque allemande

Porsche n’est pas le premier à lâcher le diesel. Toyota vit une situation similaire. Lors du salon automobile de Genève en mars, la marque japonaise a annoncé qu’elle n’en commercialisera plus en Europe dès la fin de l’année. Seuls 15% des ventes de la marque japonaise sont en effet des diesels, contre 41% d’hybride. Une technologie fortement mise en avant dans la communication de la marque japonaise.

Il semble donc plus facile d’arrêter le diesel quand les ventes ne sont pas légion, ce qui interroge sur la stratégie du Suédois Volvo. La marque a elle aussi annoncé la fin de la commercialisation du diesel en 2019. Or, en France par exemple, 80% des ventes de Volvo portent sur des modèles diesel. La berline S60 est ainsi le premier modèle proposé sans diesel chez Volvo, mais le break V60 n’offre pour l’instant qu’une majorité de moteur diesel…

Quelles conséquences de l'arrêt du diesel

"Une fois que la décision est annoncée, encore faut-il l’appliquer, tempère Flavien Neuvy, président de l’Observatoire Cetelem de l’Automobile. Il n’y a aucune visibilité sur le mix énergétique à 10 ans. Arrêter une technologie peut avoir des conséquences lourdes si les autorités changent la réglementation. Il y a 10 ans en arrière, personne ne prévoyait la fin du diesel. Aujourd’hui, défendre cette technologie est devenu inaudible".

Les défenseurs du diesel rappellent eux qu’il serait difficile de respecter les nouvelles normes européennes de baisse des émissions de CO2 sans moteur mazout. "Nicolas Hulot avait donné un cap clair: le moteur thermique doit disparaître en 2040, rappelle Fabrice Godefroy. Mais avec la prime à la conversion par exemple, il ne fait pas la chasse au diesel. De plus, certains véhicules comme les citadines, ou les sportives comme Porsche, n’avaient que peu d’intérêt à rouler au diesel. Mais s’il est équipé d’un système de micro-hybridation, pour soutenir le moteur thermique au démarrage par exemple ou à l’accélération, on ne parlera plus de 100% diesel, seulement d’hybride".

Certes. Cependant, les constructeurs les plus friands de diesel (PSA, Renault ou encore Mercedes) ne semblent pas s’engouffrer dans cette voie. Renault et Mercedes ont misé sur l’électrique. Peugeot en dira lui plus sur sa nouvelle motorisation hybride essence rechargeable au salon automobile de Paris dès le 02 octobre.

Pauline Ducamp