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Habitat, Made.com, Maisons du Monde... Le secteur de l'ameublement dans la tourmente

Habitat  (image d'illustration)

Habitat (image d'illustration) - Jacques Demarthon - AFP

Si le marché est resté résilient en 2022 grâce à une augmentation des prix de 6% en moyenne, les ménages reportent désormais leurs achats de meubles ou se tournent vers des biens de seconde main.

La partie émergée de l'iceberg. L'enseigne d'ameublement Habitat a demandé jeudi son placement en redressement judiciaire. Si cette décision reflète de "difficultés financières profondes, largement attribuables à une gestion antérieure défaillante", elle symbolise également les tourments actuels du secteur.

En 2022, Habitat a réalisé un chiffre d'affaires de 80 millions d'euros, en baisse de 20% par rapport à la période d'avant Covid. Maisons du Monde, autre groupe phare, a vu quant à lui son bénéfice divisé par deux sur l'exercice précédent. De son côté, Made.com n'a pas résisté aux turbulences, l'entreprise s'étant déclarée en faillite il y a tout juste un an. Seul le géant Ikea, qui pratique des prix plus bas que ses concurrents, navigue dans des eaux plus douces.

Du plomb dans l'aile

Au sortir des périodes de confinement, rien ne laissait présager que le secteur de l'ameublement connaîtrait de tels tracas. Et pour cause, pendant la crise sanitaire, les Français repliés sur leur foyer ont investi en masse dans le mobilier et la décoration d'intérieur.

Le marché de l'ameublement a ainsi connu une année 2021 très faste, marquée par une forte croissance de son chiffre d'affaires (14,55 milliards, contre 12,73 milliards en 2020). L'avènement du télétravail semblait avoir inauguré une nouvelle ère.

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Mais les enseignes d'ameublement ont très vite déchanté. L'envolée des prix de l'énergie et des matières premières, dans la foulée de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, est venue mettre un coup d'arrêt au secteur avec une chute des ventes en volume. Le marché est malgré tout resté résilient en 2022 en raison d'une inflation de presque 6% sur ses produits selon l'Insee.

D'aucuns relèvent toutefois que cette situation ne sera pas durable. La hausse des prix, plus forte que celle des salaires, s'est traduite par une atonie de la consommation (-1,8% sur les biens manufacturés selon l'Insee en octobre). Les ménages, contraints de réaliser des arbitrages dans leurs dépenses, ont reporté leurs achats de meubles ou se tournent de plus en plus vers des biens de seconde main.

Le marché de la seconde main frétille

Selon une étude de l'Institut de prospective et d'études de l'ameublement (IPEA), un tiers des Français se disent prêts à se tourner vers le marché de l'occasion. Ce dernier ne représentait que 10% en 2021. D'autant que ce nouveau paradigme devrait perdurer.

Selon ce rapport, à plus long terme et pas seulement sous la contrainte de l'inflation, les enjeux d'écoconception, pour faciliter la réparation et la durée dans le temps des meubles, sont des éléments essentiels pour répondre aux "attentes des Français de sobriété économique et environnementale" sans pour autant "oublier la dimension désirable du meuble".

Certaines enseignes ont flairé le bon coup. En novembre 2022, l'enseigne Gautier est devenue le premier fabricant de mobilier en France à proposer à ses clients une marketplace pour vendre leurs anciens meubles. Par ailleurs, le géant Ikea développe depuis 2014 la reprise de produits en magasin contre des bons d'achat, avec remise en vente dans un espace dédié.

Théodore Laurent