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Guerre en Ukraine: Unilever assume se plier à la loi russe sur la conscription de ses employés

Critiquée pour sa décision de maintenir ses activités en Russie, l'entreprise anglo-néerlandaise a déclaré qu'elle se conformerait à la loi locale sur la conscription impliquant que ses quelque 3.000 employés russes pourraient être envoyés à la guerre en Ukraine.

Unilever assume sa position controversée. Depuis près d'un an et demi, le groupe anglo-néerlandais est sous le feu des critiques en raison de sa décision de poursuivre ses activités en Russie après l'invasion de l'Ukraine.

L'entreprise, qui possède plusieurs marques comme les glaces Cornetto ou les savons Dove, vient d'en rajouter une couche par l'intermédiaire d'une lettre adressée au groupe B4Ukraine dans laquelle elle déclare se conformer à la loi russe sur la conscription. Concrètement, cela signifie que les quelque 3.000 employés russes de ses quatre sites de production locaux pourraient être envoyés à la guerre en Ukraine s'ils étaient appelés.

Dans cette lettre qu'a rendue publique la BBC, Unilever réaffirme cependant son opposition au conflit russo-ukrainien:

"Nous voudrions réitérer qu'Unilever condamne absolument la guerre en Ukraine comme un acte brutal et insensé de l'État russe et nous continuons à nous joindre à la communauté internationale pour appeler à la stabilité et à la paix dans la région".

Opération coup de poing devant le siège londonien

Le groupe justifie la poursuite de ses activités en Russie par le fait qu'il ne soit "pas simple d'en sortir" et "à la fois pour éviter le risque que nos activités ne tombent entre les mains de l'État russe, directement ou indirectement, et pour contribuer à la protection de notre personnel".

Une importance accordée au bien-être du personnel qu'a rappelée Reginaldo Ecclissato, le responsable des opérations commerciales et de la chaîne d'approvisionnement d'Unilever, auprès du Guardian: "Nous continuons à gérer nos activités en Russie en accord avec nos principes globaux, y compris la sécurité et le bien-être de nos employés."

"Nous respectons toujours toutes les lois des pays dans lesquels nous opérons", a-t-il ajouté en référence à la conscription.

Un argument sécuritaire auquel ne goûte pas le groupe de campagne Ukraine Solidarity Project (USP) à en croire le récent tweet d'une de ses représentantes, Valeriia Voshchevska: "Si c'est cela protéger vos travailleurs, je ne voudrais pas voir à quoi ressemble le fait de les mettre en danger. Et qu'en est-il des civils ukrainiens innocents?".

Début juillet, USP a réalisé une opération de protestation contre Unilever en installant devant le siège londonien du groupe un panneau géant affichant des photos de soldats ukrainiens blessés qui posaient dans le style des publicités de la marque Dove accompagnées du slogan suivant: "Aider à financer la guerre de la Russie en Ukraine".

Placé sur la liste des sponsors de guerre, au même titre que le groupe française Leroy Merlin, Unilever a indiqué dans sa lettre à B4Ukraine avoir payé plus de 33 millions de livres sterling d'impôts à l'État russe en 2022, soit à peu près autant qu'en 2021. L'entreprise avait auparavant déclaré avoir cessé les importations et exportations de ses produits vers et depuis la Russie dès mars 2022 tout comme les dépenses publicitaires et les flux de capitaux impliquant le pays.

Timothée Talbi