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Faut-il craindre une "ubérisation" des restaurants?

Face aux difficultés de recrutement, des entreprises proposent à certains restaurants du travail à la tâche réalisé par des travailleurs sous statut d'autoentrepreneurs.

La restauration va-t-elle être "ubérisée" à son tour ? Après la livraison de repas, déjà largement investie par les plateformes, c'est désormais le personnel des restaurants qui pourrait être concerné: certains restaurants se voient proposer par des entreprises non pas des intérimaires classiques, mais du travail à la tâche réalisé par des travailleurs sous statut d'autoentrepreneurs.

"C'est ma grande inquiétude, parce que ça abîmera beaucoup le métier", a réagi ce mardi matin le chef étoilé Thierry Marx, nouveau président de l'Umih, sur le plateau de BFM Business.

"Des sociétés viennent nous proposer du personnel, qu'ils prennent en autoentrepreneurs et qu'ils nous refacturent un peu comme le faisait le monde de l'intérim à une époque", a confirmé le chef, évoquant un "monde qui change". "Cette ubérisation s'est développée dans tous les secteurs d'activité" et détériore "la qualité et la régularité du travail", a-t-il regretté. "Il faut y faire attention".

Difficultés de recrutement

Le secteur de la restauration est confronté à d'importantes difficultés de recrutement depuis quelques années, qui se sont considérablement renforcées depuis le début de la crise sanitaire. "Je pense que ce n'est pas uniquement une problématique d'augmentations de salaire", a estimé Thierry Marx. Le chef étoilé note une "vraie problématique de logement", notamment pour les saisonniers.

"On a des confrères et des consœurs qui s'organisent pour construire leurs propres logements", a-t-il cité en exemple. "Quand vous avez 120 jours [par an de location pour un logement] Airbnb dans les zones touristiques, il est bien évident que vous ne trouvez plus à loger pour votre personnel".

La question se pose également pour les conditions de travail, notamment au sujet de la coupure quotidienne entre le service du midi et le service du soir. "Nous avons des jeunes gens qui nous disent 'je ne veux plus un rapport sacrificiel au travail' et ça s'entend", a souligné Thierry Marx, appelant à "replanifier" le temps de travail des métiers de la restauration.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV