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Entre la génération Z et leurs aînés, une certaine incompréhension en entreprise

Face à un nouveau rapport au travail imposé par les plus jeunes salariés, les plus anciens prennent leurs distances et les jugent sévèrement.

On l'a souvent écrit, le rapport au travail a profondément évolué depuis la crise du Covid, notamment chez les jeunes diplômés. Faire carrière n'est plus une priorité, avoir du temps pour soi l'est. Bénéficier du télétravail est un pré-requis pour accepter un poste, tout comme les "valeurs" défendues par l'entreprise.

Ce changement de paradigme pour les uns, ou de posture pour les autres, provoque néanmoins une certaine incompréhension entre les générations d'actifs. Pour la quantifier, la plateforme Indeed avec OpinionWay a interrogé* 1138 salariés français sur cette question. Les résultats sont sans appel, voire peu élogieux pour les salariés de la génération Z (18/30 ans), sévèrement jugés par les plus de 30 ans.

Trop exigeants

Ainsi, 67% des personnes de plus de 30 ans interrogées considèrent que les plus jeunes salariés ou ceux qui arrivent sur le marché de l’emploi ont trop d’exigences. 64% pensent qu’ils ont trop confiance en eux et que les réseaux sociaux influencent négativement la relation à leur travail ou à leur employeur.

56% les trouvent même paresseux et 54% des plus de 30 ans estiment qu’ils manquent de respect envers les entreprises. 44% vont jusqu’à dire qu’ils manquent de respect envers leurs collègues.

Les sondés reconnaissent néanmoins quelques circonstances atténuantes. Globalement, 6 sur 10 considèrent que les plus jeunes salariés manquent de perspectives réjouissantes pour vouloir s’investir dans le travail.

Ils estiment surtout à 48% que l'inversion du rapport de force dans le monde du travail leur permet d'afficher autant d'exigences.

Les réseaux sociaux comme exutoires

Mais, point intéressant de l'étude, certains jeunes salariés jugent également très sévèrement leurs collègues du même âge. 57% des moins de 30 ans trouvent que leurs collègues "juniors" ont trop d’exigences, 49% pensent qu’ils ont trop confiance en eux et 39% estiment que leur génération manque de respect envers les entreprises.

"Un manque de respect" qui peut s'exprimer à travers les réseaux sociaux massivement utilisés par la génération Z. Pour autant, selon l'étude, les plus âgés ne sont pas en reste.

20% des 18-30 ans avouent avoir déjà critiqué leur entreprise sur les réseaux sociaux ou sur internet (contre 16% des plus de 30 ans). 18% des 18-30 ans ont quant à eux médiatisé leur démission sur les réseaux sociaux, c'est seulement 7 points de plus que les plus de 30 ans.

Démotivation profonde

Enfin, et c'est assez paradoxal, une majorité de jeunes salariés est capable de rester à un poste qui ne correspond en rien à ses attentes. 71% des 18-30 ans interrogés ont été dans ce cas "alors qu’ils étaient complètement démotivés, dans un état d'esprit négatif".

"Alors que leur carrière est plus courte que celle de leurs aînés, ils sont plus nombreux en proportion à s’être déjà retrouvés en situation de démotivation profonde au travail", résume Indeed.

"La génération Z est souvent décrite comme plus ambitieuse et exigeante en ce qui concerne sa vie professionnelle: elle semble avoir un rapport moins 'alimentaire' au travail, et attend beaucoup de sa vie professionnelle pour s’épanouir et donner du sens à son quotidien", précise l'étude.

"Et pourtant, comme le montrent certains résultats de cette étude, les jeunes sont plus enclins à la démotivation, à la lassitude, ou à la perte d’engagement vis-à-vis de l’entreprise."

"Mais cela est-il seulement contradictoire, ou bien un effet boomerang de ce que le monde du travail a réellement à leur proposer, trop loin de l’image qu’ils s’en faisaient?", conclut la plateforme en s'interrogeant.

*L’étude a été menée par OpinionWay pour Indeed en avril 2023 auprès de 1138 salariés français âgés de 18 ans et plus, travaillant dans les secteurs privé et public, dont 335 salariés de 18-30 ans. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business