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Ski: le secteur veut aussi réduire son empreinte carbone

Principal responsable de ces émissions dans les stations de sport d'hiver: les dameuses. Les sites de la Compagnie des Alpes vont se tourner vers les agrocarburants pour remplacer le diesel.

L'industrie du sport d'hiver n'est pas exempte d'émissions de CO2. Au contraire. Outre les activités d'hôtellerie et de restauration, ce sont surtout les dameuses (ces engins qui tous les jours viennent lisser et remodeler les pistes) qui polluent l'atmosphère car alimentées au diesel.

Selon la Compagnie des Alpes (CDA) qui exploite une douzaine de domaines en France, ces machines (elle en possède 130) sont mêmes responsables de 80% des émissions de CO2 dans son activité. Et de préciser que ses émissions carbone hors électricité dans ses domaines skiables en 2018-2019 étaient de 14.000 tonnes équivalent CO2.

Si les remplacer représente un très lourd investissement, une des solutions les plus aisées consiste à changer de carburant.

90% d'émissions de CO2 en moins

Comme dans l'aviation, l'idée est donc d'utiliser des biocarburants ou agrocarburants en remplacement du diesel, une approche qui n'exige pas de lourdes transformations techniques. C'est le choix annoncé par le groupe français.

"A la suite d’un test concluant mené aux Arcs puis à la Plagne, la CDA décide du passage de l’intégralité de son parc de dameuses au carburant de synthèse HVO à compter de la saison prochaine. D’origine 100% renouvelable et fabriqué à partir de déchets de graisses et d’huiles végétales usagées, et sans huile de palme, compatible avec les appareils de l’ensemble des constructeurs partenaires du Groupe, ce substitut au diesel réduit de 90% le CO2 et de 65% les particules fines émis", explique le spécialiste.

"La migration de l’intégralité des 130 dameuses permettra, sur l’ensemble de la saison 2022-2023, une réduction de 9900 tonnes équivalent CO2 à l’usage par an, soit l’équivalent de 72% des émissions carbone directes des activités montagne hors électricité" poursuit-il.

Reste la question du surcoût. Ces nouveaux carburants sont bien plus onéreux que le diesel, la faute à une offre insuffisante et une filière mal organisée.

Dans le même temps, la CDA s'est associée à CM DUPON, seul fabricant français de dameuses, pour lancer plusieurs chantiers expérimentaux visant à développer une dameuse bas carbone. Des tests "plus que concluants" d'un prototype de dameuse électrique ont été menés cet hiver tandis qu'un autre prototype à hydrogène est en cours de développement.

Navettes électriques

"Le choix des motorisations, électriques à batteries ou hydrogène ou hybrides, sera opéré selon leur pertinence face à chaque usage, pour trouver la meilleure solution permettant la transition de nos 130 dameuses d’ici 2030", explique le groupe.

Autre initiative, "séquestrer les émissions résiduelles au plus près de ses sites d’implantation". La CDA a ainsi approché l'Office national des forêts et "financera ainsi dès cette année 50 hectares de reboisement en forêts domaniales de Savoie, Haute-Savoie et Hautes-Alpes, au plus proche de ses domaines skiables, et 50 hectares dans l’Oise à proximité du Parc Astérix. Dans tous les cas, il s’agit de reboisements de forêts en mauvais état ne jouant plus leur rôle de séquestration de carbone".

Enfin, la Compagnie des Alpes entend se pencher sur les navettes qui relient les vallées aux stations en passant au tout électrique. Son parc migrera donc progressivement après des tests concluants "y compris dans des conditions de froid intense, altitude et dénivelé". Cette initiative permettra une économie de 18 tonnes équivalent CO2 par an et par véhicule, affirme l'entreprise.

Tous ces leviers doivent permettre à la CDA d'atteindre son objectif de net zéro carbone à horizon 2030.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business