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Energie

Pétrole russe: vers un embargo de l'Union européenne dès la semaine prochaine?

Un nouveau train de sanctions, censé intégrer un resserrement des mesures prises contre le système bancaire russe, est en discussions avancées selon les information de l'agence Bloomberg.

C'est peut-être la fin d'un feuilleton long de plusieurs semaines: l'Union Européenne devrait bel et bien se passer du pétrole russe d'ici la fin de l'année, selon Bloomberg. Selon l'agence américaine, la décision pourrait même être prise dès la semaine prochaine lors d'une rencontre entre les ambassadeurs européens.

Un sixième train de sanctions devrait être adopté, à l'unanimité des 27 Etats-membres, comme le contraint la procédure. La Hongrie, qui freinait des deux pieds sur le sujet, aurait finalement donné son accord. Tout comme l'Allemagne, longtemps réticente du fait de sa très lourde dépendance au gaz moscovite, mais qui a sauté le pas d'une interruption brutale cette semaine.

L'UE demeure le principal client à l'export du pétrole russe, mais le déclenchement du conflit a douché les relations commerciales entre les deux blocs: de 1,2 millions de barils par jour en janvier, les commandes sont passées à moins de 800.000 en avril.

Si un embargo devait se mettre en place d'ici la fin de 2022, des mesures intermédiaires seraient prises pour réduire progressivement les achats. Les Européens discutent également d'un encadrement des prix ainsi que de droits de douane aux frontières. La Biélorussie, proche de Moscou et impliquée jusqu'ici dans le contournement des sanctions, serait incluse.

L'étau resserré autour des banques

D'autres mesures pourraient accompagner l'embargo, concernant des personnalités russes, notamment responsables des crimes de guerre soupçonnés en Ukraine. Le trafic maritime et le secteur du numérique pourraient également faire l'objet d'une attention particulière.

Sur le volet du financement, un nombre plus important de banques pourraient être exclues du système international Swift. Sberbank, la plus grande banque de Russie, qui a déjà perdu sa filiale européenne, est notamment dans le viseur européen après des sanctions américaines et britanniques.

Moscou avait durci le ton sur le gaz

Le Kremlin pourrait faire les frais du chantage à l'énergie pratiqué depuis plusieurs semaines auprès des Européens: il avait notamment exigé le paiement en roubles de ses factures pour éviter à sa monnaie de dévisser. Malgré les protestations européens, plusieurs fournisseurs de gaz, comme l'Allemand Uniper, ont cédé à la menace russe de couper l'approvisionnement. A l'inverse, la Pologne et la Bulgarie, qui refusaient catégoriquement de céder, ont été déconnectées de l'offre russe par Gazprom.

Moscou profitait en outre de la hausse du cours du baril et de l'explosion des prix du gaz (+85% depuis le début de l'année), pour surcompenser les pertes liées au moindre volume d'hydrocarbures exporté. Le Kremlin a empôché 44 milliards d'euros en deux mois depuis le début du conflit: c'est presque deux fois que l'année passée à la même période (24 milliards d'euros).

Valentin Grille