Nucléaire, éolien en mer: comment Emmanuel Macron veut décarboner la production d'électricité

Le chef de l'Etat a confirmé ce jeudi la construction de six nouveaux réacteurs EPR et a fixé l'objectif de doter la France d'une cinquantaine de parcs éoliens en mer pour "viser 40 gigawatts en service en 2050".

La France doit "reprendre en main (son) destin énergétique et industriel". Emmanuel Macron a dévoilé ce jeudi à Belfort les contours de sa stratégie énergétique axée sur la relance du nucléaire et le développement des énergies renouvelables.

"Si nous voulons tout à la fois respecter nos engagements climatiques, (…) réduire notre dépendance à l’étranger pour nos besoins énergétiques, assurer comme nous le faisons depuis quelques années le développement industriel de notre pays (…), et maitriser la facture d’énergie des Français, nous avons l’obligation d’engager sans attendre des chantiers structurants et historiques pour préparer l’avenir", a déclaré le chef de l'Etat.

• Construction de 6 nouveaux EPR

Emmanuel Macron a notamment annoncé la construction d'ici 2050 de six nouveaux réacteurs nucléaires avec une mise en service du premier EPR2 en 2035. Une étude sera également lancée pour huit réacteurs supplémentaires.

Le président de la République n'a toutefois pas détaillé le coût du projet, estimé entre 50 et 60 milliards d'euros selon un rapport de RTE, ni même son financement qui devrait être précisé dans les prochains jours, selon Bruno Le Maire.

Ces nouveaux réacteurs EPR seront complétés par de petits réacteurs modulables (SMR) et des réacteurs "innovants" produisant moins de déchets, avec l'objectif de "25 gigawatts de nouvelles capacités nucléaires d'ici 2050", une "révolution" justifiée par la hausse des besoins d'électricité.

• Prolongation des réacteurs existants

Le président a aussi dit vouloir "prolonger tous les réacteurs qui peuvent l'être", au-delà de 50 ans si possible, une volte-face par rapport aux objectifs de 2018 d'en fermer une douzaine.

"J'ai pris deux décisions fortes : prolonger tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l'être, sans rien céder sur la sûreté" et "qu'aucun réacteur nucléaire en état de produire ne soit fermé à l'avenir (...) sauf raison de sûreté", a-t-il dit, précisant avoir demandé à EDF "d'étudier les conditions de prolongation au-delà de 50 ans".

• Développer le solaire et l'éolien en mer

Aux côtés du nucléaire, Emmanuel Macron souhaite développer massivement les énergies renouvelables alors qu'il a reconnu que la France avait "pris du retard" dans ce domaine. Il a ainsi appelé à multiplier "par près de 10 la puissance installée" de l'énergie solaire pour "dépasser 100 gigawatt".

Le président sortant entend doubler la production issue des énergies renouvelables électriques d'ici 2030, et de "l'augmenter encore davantage d'ici 2050". En plus du solaire, il a dit vouloir miser sur l'éolien en mer en visant l'objectif de doter la France d'une cinquantaine de parcs éoliens en mer pour "viser 40 gigawatts en service en 2050".

"Nous réussirons en associant largement tous les acteurs de la mer, en particulier les pêcheurs", a-t-il précisé, en estimant que "la lutte pour le climat ne devait jamais se faire au détriment de la préservation de la biodiversité et notamment des écosystèmes marins et de la ressource halieutique".

• "Etaler dans le temps" le plan sur les éoliennes terrestres

S'agissant des éoliennes terrestres, le chef de l'Etat a dit "comprendre les réticences" car "personne ne souhaite voir nos paysages remarquables ou nos sites classés abîmés par des grandes pales blanches". Pour cela, il faut être "raisonnable dans les objectifs" et "étaler dans le temps" le plan initialement fixé à horizon 2030, à savoir le doublement de la puissance installée des éoliennes terrestres.

Enfin, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de continuer à investir dans les barrages hydroélectriques et les énergies renouvelables thermiques, comme la biomasse et le biogaz. Le plan France 2030 "consacrera un milliard d'euros à l'innovation sur les énergies renouvelables", a-t-il indiqué.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco