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Nord Stream: où en est l'enquête ?

Près de cinq jours après la première des quatre fuites ayant touché les gazoducs Nord Stream 1 et 2, plusieurs enquêtes sont actuellement en cours pour faire la lumière sur ces incidents qui ressemblent à des actes de sabotage.

Le compte à rebours est lancé en mer Baltique. L'espace maritime est devenu cette semaine l'épicentre de l'échiquier géopolitique après avoir été le théâtre de quatre fuites quasi-simultanées sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 qui la traversent pour relier la Russie et l'Allemagne. Toujours remplies de gaz malgré l'arrêt des livraisons de gaz russe, les infrastructures continuent de libérer leur contenu, créant des bouillonnements de plusieurs centaines de mètres à la surface.

L'exploitant de Nord Stream 1, situé dans la zone économique exclusive suédoise (ZEE), a déclaré à Reuters que les fuites du gazoduc devraient s'achever lundi. Selon les autorités danoises, dont la ZEE abrite Nord Stream 2, la moitié du gaz s'est déjà échappé et la quantité restante devrait quitter les gazoducs d'ici la fin du week-end. Dans le courant de la semaine prochaine, les deux pays devraient donc pouvoir s'approcher des sites des explosions et ainsi faire un grand pas dans leur enquête respective.

Plusieurs enquêtes ouvertes

Cependant, ils sont loin d'être les seuls à vouloir faire la lumière sur cet épisode géostratégique retentissant. Alors que la Sûreté suedoise a ouvert une enquête pour "sabotage aggravé", la Russie a fait de même pour "acte de terrorisme international" en réaction aux soupçons des pays occidentaux qui se sont rapidement tournés vers elle.

Cela ressemble à un acte de terrorisme, peut-être au niveau d'un État, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il est très difficile d'imaginer qu'un tel acte de terrorisme ait pu se produire sans l'implication d'un État quelconque".

Mais l'enquête patine également à l'est de la mer Baltique à en croire Dmitri Peskov qui évoque une "réticence" de la part de plusieurs pays à échanger avec la Russie. L'Union européenne enquête également de son côté après s'être rangée derrière l'hypothèse d'un sabotage par l'intermédiaire de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.

Un Conseil de sécurité d'urgence vendredi

Après des jours de passes d'armes entre les Etats-Unis et la Russie, Moscou a demandé la tenue d'un Conseil de sécurité exceptionnel vendredi.

La Suède et le Danemark ont été chargés de donner des informations aux membres du Conseil sur ces fuites survenues dans leurs zones économiques exclusives, a indiqué la ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde.

Il faut dire que la tension est encore montée d'un cran autour de la Russie au cours de la semaine. Lors du Colloque annuel du syndicat des énergies renouvelables à Paris, le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol, a ainsi déclaré qu'il ne "demanderait pas au détective Hercule Poirot d'enquêter là-dessus": "C'est très évident [...] qui est derrière ce problème."

Quelques heures plus tard, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a appelé à la prudence et la patience : "En ce qui concerne l'attaque - ou les dommages causés au pipeline, à ce stade, je pense qu'il y a beaucoup de spéculations. Mais très franchement, tant qu'une enquête complète n'aura pas été menée, personne ne sera en mesure de déterminer avec certitude ce qui s'est passé."

Timothée Talbi