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Energie

L’Europe achète encore du gaz russe (mais pas à la Russie)

Les importations de gaz naturel liquéfié provenant de Russie stagnent depuis le début de l’année. Elles viennent en totalité du champ gazier de Yamal, détenu en partie par TotalEnergies.

L’Europe achète toujours du gaz russe, mais pas à la Russie. Depuis le début 2023, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) stagnent à 9 millions de tonnes, selon les premières estimations du Groupement international des importateurs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL). Cette tendance des sept premiers mois de l’année est conforme à celle de 2022. Les européens avaient ainsi importé 14 millions de tonnes de GNL l’an passé alors que la guerre en Ukraine avait éclaté.

Ce GNL provient d’un seul et unique champ gazier, celui de Yamal en Sibérie. Il est opéré par le pétrolier Novatek, un groupe russe mais privé, sans lien financier direct avec Gazprom, et donc avec le Kremlin. Le Français TotalÉnergies est actionnaire à 20% du projet, l’un des plus grands du monde, et dispose de 23% des droits de tirage du GNL. Le pétrolier français vend ainsi en Europe 4 millions de tonnes de GNL provenant du champ sibérien. Au total, Yamal envoie en Europe 80% de son GNL, le reste est vendu au chinois China National Petroleum Corporation (CNPC).

Le Japon ne peut pas non plus s'en passer

Si elles n’augmentent plus, les importations de GNL russe restent à niveau élevé. Car elles avaient explosé de 40% l’an passé par rapport à 2021. En raison de la guerre en Ukraine bien sûr, des cargaisons de GNL destinées à l’Asie ont été redirigées vers l’Europe. Le site de Yamal avait aussi augmenté sa capacité de production d’un million de tonnes en ouvrant la dernière de ses quatre usines de liquéfaction de gaz.

L’Europe achète aujourd'hui 50% de son GNL aux États-Unis mais n’importe en revanche presque plus de gaz fourni par Gazprom. Quelques dizaines de millions de mètre cube chaque jour continuent de traverser le gazoduc ukrainien Brotherhood, pour alimenter notamment les pays de l’Est comme la Hongrie.

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Un autre pays occidental continue à importer massivement du gaz russe: le Japon. Il n’a pas ralenti ses importations provenant du champ gazier de Sakhaline. Cette île russe située à quelques dizaines de kilomètres du Japon lui envoie 60% de sa production pour couvrir 10% de ses besoins énergétiques. Le pays ne peut aujourd’hui pas s’en passer même s’il tente d’importer davantage de GNL de Chine notamment. C’est un sujet diplomatique sensible pour le Japon car le champ gazier de Sakhaline est détenu à 50% par Gazprom. De précieuses devises en yen continuent ainsi de remplir les caisses du Kremlin.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business