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Carburants: pourquoi le prix de l'essence ne cesse de grimper depuis plusieurs semaines

Bien que les deux carburants soient produits à partir du même pétrole brut, les courbes d'évolution de leurs prix continuent de s'écarter, le gazole étant orienté à la baisse tandis que le sans-plomb continue d'augmenter.

Le monde des carburants semble revenu plusieurs années en arrière: depuis maintenant plus de deux mois, l'essence coûte bien plus cher que le diesel. D'après les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique, le prix du litre de gazole continue de fondre vers le seuil de 1,80 euro qu'il ne dépasse désormais que très légèrement, à 1,8014 euro. Le prix du SP95-E10 s'établit quant à lui plus de 10 centimes au-dessus, à 1,9246 euro, et poursuit son ascension vers la barre symbolique des 2 euros le litre après une hausse hebdomadaire de 1,4 centime.

Ces variations opposées interpellent alors que les deux carburants proviennent du raffinage du même pétrole brut. A cet égard, le baril de Brent de mer du Nord a augmenté de plus de 7 dollars la semaine passée pour atteindre le prix de 84,6 dollars dans le sillage de la décision de huit pays membres de l'OPEP de réduire sensiblement leurs niveaux de production jusqu'à la fin de l'année. Alors comment expliquer ces disparités?

Une baisse des prix du sans-plomb à partir de mai?

Sans grande surprise, le contexte social dans les raffineries joue un rôle prépondérant dans cette hausse des prix du sans-plomb. En limitant la production nationale d'essence, les grèves contraignent ainsi la France à en acheter sur les marchés, comme l'explique le président de la branche stations-service du syndicat professionnel Mobilians Francis Pousse. "Traditionnellement, on est autosuffisant en essence, c’est-à-dire que nos raffineries arrivent à en produire suffisamment pour notre consommation nationale, sachant qu’elle représente 30% de l’ensemble de notre consommation de carburants, les 70% restants provenant du diesel", indique-t-il au Parisien.

"Les vendeurs nous ont vus venir, et ils en ont sans doute profité pour se faire un peu de marge supplémentaire, poursuit-il. On retrouve la différence actuellement dans les prix à la pompe".

La récente suspension des blocages dans l'ensemble des sept raffineries conventionnelles de métropole permet d'espérer "un retour au calme des prix de l'essence courant mai", selon le quotidien qui cite cependant un spécialiste des marchés du pétrole et des carburants peu optimiste sur la pérennité de cette accalmie.

"Avec l’arrivée de l’été et la driving season pour les Américains, très gros consommateurs de sans-plomb, on pourrait retrouver rapidement des tensions sur les marchés, explique-t-il, et donc voir les prix de l’essence repartir à nouveau à la hausse".

Timothée Talbi