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Défense

Un moteur italo-américain sur l'Eurodrone? La commission européenne réclame des garanties de souveraineté

L'Eurodrone d'Airbus sera-t-il équipé d'un moteur italo-américain? La Commission européenne réclame des garanties de souveraineté

L'Eurodrone d'Airbus sera-t-il équipé d'un moteur italo-américain? La Commission européenne réclame des garanties de souveraineté - Airbus

Un moteur américain sur l'Eurodrone? La commission européenne rappelle que le projet doit être européen et prévient que les subventions seront retirées si le projet ne remplit pas cette condition.

Le drone européen d'Airbus avec un moteur américain de General Electric fourni par Avio Aero, sa filiale italienne? C'est loin d'être fait. En mars, cette annonce avait créé une vive polémique. Le député européen Christophe Grudler qualifiait ce choix d'"erreur stratégique" en matière de souveraineté européenne. Il avait aussitôt interpelé la Commission européenne sur ce choix "incompatible avec notre objectif d’autonomie stratégique européenne".

Son message n'est pas resté lettre morte. Thierry Breton a répondu à Christophe Grudler pour assurer d'une surveillance attentive du respect des règles européennes. Dans le cas contraire, la subvention pourrait même être retirée.

"Les États membres(...) ont décidé de laisser Airbus choisir indépendamment le constructeur du moteur, conformément au marché public associé à la subvention de l’UE", indique le Commissaire européen en précisant que le projet doit être un "catalyseur du renforcement de la souveraineté européenne".

Thierry Breton rappelle que le fournisseur du moteur doit être européen ou basé dans l’UE. Mais il doit aussi "offrir toutes les garanties de sécurité requises par la législation européenne applicable. Dans sa gestion de la subvention, l’OCCAR doit tout d’abord vérifier que cette condition est remplie". Pour ce projet qui rassemble la France, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne, la subvention de l'Union européenne s'élève à 100 millions d'euros.

Préserver la souveraineté européenne

"Étant établi dans l’UE mais contrôlé par General Electric, Avio Aero est tenu, dans le cadre de l’application du droit de l’Union, de fournir tous les éléments de preuve garantissant que la souveraineté européenne sera préservée. À ce titre, la sous-traitance à Avio ne doit pas être contraire aux intérêts de l’UE et de ses États membres en matière de sécurité et de défense", ajoute Thierry Breton.

Le Commissaire européen prévient que "les garanties requises seront vérifiées et validées par la Commission".

En mars, lors de l'annonce du choix du moteur Catalyst, Airbus précisait qu'il est entièrement développé et fabriqué en Europe, et qu'il répond à la Réglementation américaine sur le trafic d'armes au niveau international ITAR (International Traffic in Arms Regulation). Cette conformité permet "une indépendance vis à vis des opportunités d'exportation", indiquait Airbus.

Néanmoins, les réactions ont été vives et nombreuses. Jean-Louis Thiériot, député (LR) de Seine-et-Marne et membre de la commission Défense de l'Assemblée nationale, demandait à la France de dire "non" à cette décision. Pour Cédric Perrin, sénateur du Territoire de Belfort et membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, le choix d'Airbus est une "décision plutôt cynique à ce moment précis de notre histoire militaire et européenne".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco