BFM Business
Industries

Eurodrone: Airbus lâche Safran pour choisir le moteur d'une filiale italienne de l'américain GE Aviation

Pour équiper l'Eurodrone, Airbus Defence and Space a choisi le moteur Catalyst d'Avio Aero, la filiale italienne de l'américain GE

Pour équiper l'Eurodrone, Airbus Defence and Space a choisi le moteur Catalyst d'Avio Aero, la filiale italienne de l'américain GE - Avio Aero

Pour équiper l'Eurodrone, Airbus a choisi le moteur d'Avio Aero, filiale italienne de GE Aviation, au détriment de l'offre de Safran. Ce choix provoque de vives réactions en France.

A peine relancé, l'Eurodrone fait une première victime en France. Pour ce drone MALE (Medium Altitude Long Endurance) qui doit équiper dès 2029 les armées française, allemande, espagnole et italienne, Airbus Defence and Space a décliné le moteur Ardiden 3TP de Safran Helicopter Engines. Le lauréat est le moteur Catalyst d'Avio Aero, la filiale italienne de l'américain GE Aviation. Elle devra fournir 120 turbopropulseurs et un contrat de soutien pluriannuel.

Dans un communiqué, Airbus explique que cette décision a été prise "à la suite d'un processus d'appel d'offres et d'une phase d'analyse technique approfondie". Le groupe ajoute que "cette sélection (...) garantira que le programme Eurodrone pourra se dérouler dans les délais, les coûts et conformément aux spécifications définies par nos clients".

Airbus précise aussi que le Catalyst est un moteur entièrement développé et fabriqué en Europe en ajoutant qu'il répond à la Réglementation américaine sur le trafic d'armes au niveau international ITAR (International Traffic in Arms Regulation). Pour Airbus, cela permet "une indépendance vis à vis des opportunités d'exportation".

"Un moteur de certification américaine, pour un drone européen?!", s'étonne le député européen Christophe Grudler (Modem).

"Un mauvais signal"

Safran n'a pas réagi officiellement à la décision d'Airbus mais elle porte un sérieux coup à l'industriel et à l'ambition européenne de souveraineté puisque le Catalyst est une version européenne d'un moteur américain. Ce choix pourrait même créer une dépendance vis à vis des Etats-Unis.

En juin 2021, dans un entretien à la Tribune, Franck Saudo, président de Safran Helicopter Engines estimait même qu'il serait "choquant que le contribuable européen finance une solution non européenne".

Dès l'annonce d'Airbus, les réactions ont été vives en France. Jean-Louis Thiériot, député (LR) de Seine-et-Marne et membre de la commission Défense de l'Assemblée nationale, qualifie ce choix de "mauvais signal pour l’industrie de défense européenne".

"Que la France dise non!", a-t-il réagi sur Twitter.

Pour Cédric Perrin, sénateur du Territoire de Belfort et membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, le choix d'Airbus est une "décision plutôt cynique à ce moment précis de notre histoire militaire et européenne", a déclaré le sénateur à La Tribune.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco