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Défense

Ukraine: tensions sur les lignes de production des missiles Stinger et Javelin

En raison d'un manque de pièces, Raytheon et Lockheed Martin doivent ralentir la la production des missiles américains Stinger et Javelin envoyés en Ukraine. Le retour à la normale est prévu pour 2023.

Contre les hélicoptères et les avions volant à basse altitude, le missile sol-air Stinger s'impose en Ukraine. Depuis février, les États-Unis en ont expédié 1400 Stingers, selon le Pentagone. De leur côté, les européens ont envoyé ceux qu'ils avaient en stock. Désormais, il sera de plus en plus difficile de reconstituer les stocks.

Raytheon Technologies qui les fabrique en Arizona vient d'annoncer qu'il ne pourra pas accélérer la production des Stinger avant 2023 en raison d'un manque de pièces disponibles. Raytheon avait cessé de fabriquer ce missile avant une commande de 340 millions de dollars passée l'été dernier par le Pentagone au nom d'un client international.

La chaîne de production des Stinger a été arrêtée fin 2020, a déclaré la porte-parole du Pentagone Jessica Maxwell. Depuis lors, Raytheon Technologies a remporté son dernier contrat en juillet 2021 pour des clients étrangers.

L'US Army n'a pas commandé de nouveaux Stingers depuis environ 18 ans. Elle a par contre commandé des pièces détachées selon un "plan de prolongation de la durée de vie" de certains de ses Stingers qui devaient devenir obsolètes en 2023. Les modèles mis à jour ont vu leur date de péremption portée à 2030.

Les Javelin également touchés

Raytheon a donc remis en route la ligne de production, mais lors d'une conférence téléphonique avec des analystes, Greg Hayes, son PDG, a reconnu que le stock de matériau est "très limité" pour en produire suffisamment pour refaire les stocks de ses clients étrangers.

Le groupe "travaille depuis deux semaines avec le ministère américain de la Défense" sur ce problème mais "malheureusement certains des composants ne sont plus en vente", a indiqué le patron de Raytheon qui s'oriente vers une modification du design de certaines parties du missile.

"On va augmenter la production autant que possible mais je pense qu'il faudra attendre 2023-2024 pour voir arriver les commandes pour un réapprovisionnement des stocks", a avancé Greg Hayes en soulignant que ce calendrier allait sans doute aussi valoir pour les missiles Javelin, actuellement produits par une co-entreprise de Lockheed-Martin et Raytheon.

Il y a quelques jours, Lockheed Martin, qui produit aussi le F-35, a fait part d'un chiffre d'affaires en baisse au premier trimestre, également en raison de problèmes d'approvisionnement .

Raytheon abaisse donc aussi sa prévision de chiffre d'affaires pour l'ensemble de l'année en raison des sanctions contre la Russie, qui l'empêche d'y vendre des nouveaux produits mais également d'y fournir des services de maintenance. Le groupe a passé une charge d'environ 300 millions de dollars dans ses divisions d'aviation commerciale.

Mais Raytheon s'attend à voir ses ventes de systèmes de défense augmenter au fur et à mesure que les États augmentent les budgets consacrés à leur armée et regonflent les stocks d'armes qu'ils ont envoyés en Ukraine "au cours des deux prochaines années", a indiqué Greg Hayes.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco