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Moscou menace d'une guerre des étoiles contre les satellites civils occidentaux, Starlink ciblé

Lancement d'une constellation Starling par le lanceur Falcon 9

Lancement d'une constellation Starling par le lanceur Falcon 9 - RED HUBER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA

La Russie menace des attaques contre des satellites civils occidentaux utilisés pour soutenir l'Ukraine. Starlink n'est pas cité mais serait l'une des cibles potentielles.

La guerre hybride ne se limite pas aux combats terrestres et cyber. Elle pourrait aussi se mener dans l'espace. Jeudi, Konstantin Vorontsov, un haut responsable du ministère russe des Affaires étrangères, a lancé une menace contre les satellites occidentaux utilisés pour fournir des communications ou du renseignement aux Ukrainiens.

Pour ce haut responsable, cette aide est une provocation et estime que si ces infrastructures sont "civiles", elles "pourraient constituer une cible légitime pour des frappes de représailles".

"Nous parlons de l'implication, par les Etats-Unis et leurs alliés, de composants d'infrastructures spatiales civiles, notamment commerciales, dans des conflits armés. Ces Etats ne se rendent pas compte que de tels agissements constituent en réalité une participation indirecte aux conflits armés", a déclaré Konstantin Vorontsov.

Cette menace a provoqué une réaction de Washington. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby promet à la Russie une réponse "appropriée" à toute attaque russe sur des satellites commerciaux américains.

Starlink visé?

Konstantin Vorontsov n'a cité aucune entreprise particulière, ni Starlink (SpaceX), ni les sociétés d’imagerie spatiale utilisés entre autre par l'Unesco pour surveiller les destructions de biens culturels et du patrimoine. Mais Starlink serait la principale cible. Depuis plusieurs mois, Elon Musk, patron de SpaceX, craint une attaque russe sur les constellations de 20.000 satellites Starlink envoyée à l'Ukraine pour assurer les communications.

"La Russie veut la peau de Starlink. Pour se protéger, Starlink investit beaucoup dans des mesures de protection. Mais même avec cela, Starlink pourrait disparaître", avait déclaré Elon Musk à CNN en demandant une aide du Pentagone.

L'aide de SpaceX avait été apportée à Kiev après une cyberattaque russe menée le 24 février contre le réseau de satellites KA-SAT, exploité par Viasat une heure avant son offensive contre l'Ukraine. Cette offensive spatiale avait été condamnée le 10 mai par l'Union Européenne.

"La cyberattaque a eu lieu une heure avant l'invasion non provoquée et injustifiée de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022, facilitant ainsi l'agression militaire", soulignait l'UE dans une déclaration au nom des 27 Etats membres.

Cette offensive spatiale avait causé des perturbations dans les communications affectant tout le pays, les services publics, les entreprises et les utilisateurs en Ukraine. Elle avait aussi affecté des États membres de l'UE.

Les cyberattaques russes

Si cette cyberattaque était une première, ce n'est pas la première fois que la Russie montre ses capacités à mener une guerre dans l'espace. En novembre 2021, il y a tout juste un an, la Russie a effectué un tir de missile contre Tselina-D, un satellite en orbite depuis 1982 et inactif depuis des années. L'explosion avait provoqué un nuage de débris qui auraient pu toucher la station orbitale ISS ou l'un des satellites civil ou militaire en orbite.

Une autre opération, cette fois d'espionnage, a été menée en 2017 par la Russie contre Athena-Fidus, un satellite franco-italien spécialisé dans les communications militaires sécurisées. Moscou avait envoyé le satellite espion Louch-Olymp pour tenter d'intercepter des communications.

"La guerre des étoiles est quelque chose qui se perçoit (...) et donc nous nous préparons à maintenir nos actifs stratégiques dans l'espace", avait à l'époque déclaré à BFM Business le ministère des Armées.
Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco