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Défense

La Belgique se donne deux ans pour tenter de monter à bord du Scaf

Ludivine Dedonder, la ministre belge de la Défense, veut préparer ses industriels à intégrer le programme Scaf dès 2025 pour transformer le strapontin d’observateur en fauteuil.

L’annonce de la ministre belge de la Défense semble arriver comme un chien dans un jeu de quilles. Le 21 novembre, lors d’une réunion du BSDI (Belgian Security & Defence Industry), Ludivine Dedonder a fait des annonces sur le programme Scaf (système de combat aérien du futur) mené par la France, l’Allemagne et l’Espagne avec les industriels Dassault Aviation, Airbus D&S et Indra.

Après avoir annoncé la signature officielle de son statut d’observateur avant la fin de l’année, la ministre a dévoilé son projet de devenir membre à part entière du programme en 2025, année de la fin de la phase 1B sur les études. La Phase 2 du programme doit aboutir à la création d’un démonstrateur du New generation fighter (NGF), l’avion de 6e génération au cœur du Scaf.

Retombées économiques et créations d’emplois

Pour le moment, personne ne veut commenter le dossier belge mais tout le monde suit de près la démarche de la Belgique. D’ailleurs, lors de la réunion du 21 novembre, des représentants des ministères de la Défense français, allemand et espagnol étaient présents comme on peut le voir sur des photos publiées sur le réseau LinkedIn.

Ludivine Dedonder a-t-elle brûlé les étapes diplomatiques en révélant avant l’heure l’entrée de la Belgique dans le programme? Bruxelles n’a jamais caché son ambition d’obtenir plus que le rôle d’observateur. Cherche-t-elle à assurer les industriels belges de l’aéronautique qu’ils obtiendront des retombées économiques avec des créations d’emplois à la clé? C’est ce qu’attend la base industrielle et technologique de défense (BITD) belge comme l’a fait savoir sur LinkedIn François Lepot, CEO Safran Aero Boosters en réponse au message de Ludivine Dedonder.

"De nombreux emplois vont être créés grâce à cette initiative", se réjouit François Lepot.

La ministre a précisé son annonce le 29 novembre au Parlement fédéral. Sur la réunion du 21 novembre, elle explique que le but était "d’informer les entreprises déjà participantes (au programme Scaf) des capacités de la BITD belge".

"Il est important que les connaissances et les capacités spécifiques de nos entreprises dans le cadre du programme Scaf soient bien comprises par les consortiums industriels français, espagnols et allemands participant au programme", ont fait savoir Ludivine Dedonder.

Créer une défense européenne

Concernant le calendrier et le montant de la participation industrielle de la Belgique, la ministre de la Défense promet de donner des précisions "en fonction des projets pertinents que notre industrie en consultation avec les industries des partenaires sera en mesure de proposer". Rien n’est donc encore bouclé sur la participation des entreprises belges qui ont désormais trois ans pour faire des propositions.

Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation - 20/06
Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation - 20/06
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Dans sa loi de programmation militaire 2025-2029, la Belgique prévoit un budget de 360 millions d’euros pour le Scaf. À titre de comparaison, les trois pays partenaires financeront à parité 3 milliards d’euros sur 36 mois pour la phase 1B. Avec la phase 2, le montant total devrait s’élever à près de 9 milliards d’euros. Ainsi, la Belgique ne sera pas au niveau de la France, l’Allemagne et l’Espagne, mais participera à hauteur de ce que ses industriels apporteront.

Va-t-elle acheter des NGF quand ils seront opérationnels? C’est peu probable puisque Bruxelles a déjà signé pour 34 F-35 américains dont les livraisons qui démarrent en décembre s’étaleront sur plusieurs années. D’autres pays européens, comme l’Allemagne, ont fait le choix des chasseurs américains.

Cette situation pourrait inciter les Américains à ouvrir la bulle du F-35 pour le rendre interopérable avec les avions européens de nouvelle génération dans le cadre de l’Otan. Et par conséquent, attirer d’autres pays à rejoindre le programme allégeant ainsi la facture globale et créer enfin une véritable défense européenne.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco