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Défense

L'Allemagne demande à la Suisse de lui céder ses vieux chars Leopard

Un Leopard suisse pendant un entraînement

Un Leopard suisse pendant un entraînement - Fabrice COFFRINI

L'Allemagne a demandé à la Suisse d'autoriser la reprise de vieux chars Leopard suisses par le groupe d'armement allemand Rheinmetall, en garantissant qu'ils ne seraient pas transférés à l'Ukraine, selon le ministère suisse de la Défense (DDPS).

Les pays membres de l'UE se lancent dans une course l'armement pour aider l'Ukraine et pour leurs propres besoins. L'Allemagne qui a promis d'envoyer des chars Leopard 2 à Kiev demande désormais à la Suisse de faire récupérer par le groupe d'armement Rheinmetall ses vieux Leopard.

Berlin garantit même qu'ils ne seront pas transférés à l'Ukraine, a indiqué le ministère suisse de la Défense (DDPS). La Suisse interdit en effet au nom de sa neutralité le transfert de matériel militaire vers un pays en guerre.

Dans un courrier du 23 février, les ministres allemands de la Défense, Boris Pistorius, et de l'Economie, Robert Habeck, ont demandé à la ministre suisse de la Défense, Viola Amherd, "d'approuver" cette demande. L'armée suisse stocke depuis des années 96 chars Leopard 2. Ils sont régulièrement testés, mais n'ont pas été modernisés. L'armée suisse dispose aussi de 134 Leopard 2 en service.

Des Leopard mis hors service

Le maintien de ces chars "en Allemagne ou chez les partenaires de l'Otan et de l'UE serait garanti" pour combler les lacunes créées par la remise des chars Leopoard 2 cédés par ces pays à l'Ukraine et d'améliorer l'approvisionnement en pièces de rechange, a-t-il expliqué. Le 1er mars, Viola Amherd a répondu à son homologue allemand qu'une cession éventuelle d'une partie de ces vieux chars nécessitait leur "mise hors service" par le Parlement.

L'armée a, indépendamment de toute décision du Parlement, procédé à des clarifications préalables qui lui ont permis de conclure qu'il serait en principe possible de renoncer à un nombre "limité" de chars de combat s'ils sont mis hors service, déduction faite des besoins propres de la Suisse. Il est prévu que le gouvernement suisse prenne également position lundi à ce sujet en réponse à des questions au Parlement.

Le débat sur la neutralité agite la Suisse depuis l'invasion russe de l'Ukraine. Si le pays alpin - qui ne fait pas partie de l'Union européenne - a adopté toutes les sanctions instaurées contre la Russie par Bruxelles, il s'est en revanche montré inflexible sur sa neutralité militaire. Bien que pressé par Kiev et ses alliés d'autoriser la réexportation d'armes et de munitions suisses vers l'Ukraine, le gouvernement a jusqu'à présent balayé les demandes formulées par l'Allemagne, l'Espagne et le Danemark. Diverses initiatives sont en cours au Parlement en vue d'assouplir ces règles mais aucune décision n'est attendue avant plusieurs mois.

PS avec AFP