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Défense

Des Mirage 2000 français interceptent un avion russe de renseignement dans le ciel estonien

Le 27 février, des Mirage 2000 français ont intercepté un avion russe de reconnaissance volant au large des côtes de l'Estonie.

"Décollage sur alerte et interception d’un avion de reconnaissance et de renseignement Il-20 «Coot» russe au large des côtes de l'Estonie par les Mirage 2000-5 français." C'est le message diffusé sur les réseaux sociaux par l'Etat-major des armées le 27 février.

Sur la vidéo enregistrée par l'armée française, on peut voir cette interception. L'avion de reconnaissance des forces aériennes russe est raccompagné par le Mirage 2000 hors de l'espace aérien estonien. Il s'agit d'un Iliouchine 20 doté d'un radar à visée latérale destiné à mener des opérations d'espionnage électromagnétique et prendre des photos aériennes.

Ces Mirage font partie des appareils de l'armée de l'Air et de l'Espace (AAE) déployés en novembre dernier à l'est de l'Europe. Leur mission est de "protéger l'espace aérien de nos alliés baltes" dans le cadre de la mission de l'Otan "Enhanced Air Policing" (Police du ciel). Un détachement d'une centaine d'aviateurs se trouve sur la base lituanienne de Šiauliai, en Lituanie.

Cette interception, qui consiste à raccompagner hors d'une espace aérien un appareil qui n'a rien à y faire, s'est déroulée quelques jours après l'annonce par le ministre des Armées Sébastien Lecornu d'un incident aérien en zone internationale.

Un appareil français menacé en mer Noire

Mi-novembre, "un système de contrôle aérien russe a menacé d'abattre des avions français en mer Noire". L'appareil de l'armée de l'AAE, un avion de reconnaissance Awacs (Airborne Warning and Control System) en mission d'appréciation de situation quand il a été interpellé par radio par une base russe. Selon l'Etat major des Armées, le ton était "particulièrement agressif et c'est une première".

"Après l'échange radio, l'avion est revenu en France, ce qui ne nous a pas empêchés de reprogrammer d'autres missions de surveillance dans cette zone", a expliqué le colonel Pierre Gaudillère, porte-parole de l'État-major des Armées.

Ce type de situation pourrait se répéter au vu de la tension grandissante de ces derniers jours. Lors d'une réunion à Paris avec les pays alliés de Kiev, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité d'envoyer des "troupes au sol" en Ukraine. Cette annonce, qui avait été abordée lors de cette rencontre, a été rejetée par les pays membres de cette alliance, à l'exception des pays de l'Est parmi lesquels la Pologne.

Des avions, des spécialistes du renseignement

De quelles troupes s'agirait-il? Non pas de bataillons de fantassins comme certains représentants politiques l'ont annoncé, mais, comme l'a expliqué Sébastien Lecornu, de spécialistes, militaires ou civils, chargés d'assister les soldats ukrainiens dans certaines missions comme le déminage, la dépollution de zones, la formation, la maintenance ou le cyber.

"Ça ne veut pas dire envoyer des troupes pour faire la guerre à la Russie. Le Président de la République a été clair en disant que: 'nous ne sommes pas en guerre avec le peuple russe ou la fédération de Russie'".

La France ne serait pas le premier pays à envoyer des personnels en Ukraine pour des missions de sécurité. La Pologne a déjà fourni à Kiev des policiers et des douaniers. Par ailleurs, le don de F-16 pourrait également nécessiter un personnel militaire pour l'entretien et la réparation des appareils américains. Enfin, selon le New York Times, la CIA disposerait de plusieurs bases en Ukraine.

"Le Kremlin est évidemment au courant de tout cela", nous a affirmé un expert militaire.

A Moscou, l'option évoquée par le chef de l'Etat a tout de même été vivement ressentie. Depuis Paris, Alexander Makogonov, porte-parole de l'ambassade de Russie en France, estime que cette option serait comme dépasser une "ligne rouge". "Ça peut déclencher la Troisième Guerre mondiale, et ça sera la guerre entre les puissances nucléaires", a-t-il lancé.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco