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Char du futur franco-allemand: le ministre allemand de la Défense promet de dévoiler un projet en janvier

Lors d'une conférence à Berlin, le ministre allemand de la Défense annonce que le MGCS, projet franco-allemand de char du futur, est en bonne marche. Un premier projet sera dévoilé dès janvier.

Le char du futur franco-allemand est-il un mirage ou un projet qui deviendra réalité? Lors d'une conférence à Berlin, Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense, s'est montré confiant de voir présenter le programme MGCS (acronyme anglais de Système de combat terrestre principal). Mieux, il a même affirmé que ce projet sera présenté en janvier.

Nous allons y arriver, espérons-le, et présenter en janvier le projet", a déclaré le ministre, lors d'une conférence à Berlin consacrée à la politique étrangère et organisée par la fondation allemande Körber Stiftung.

Selon Boris Pistorius, les rivalités entre les industriels français et allemands (Nexter/KDNS et Rheinmetall) sont désormais dissipées.

"D'ici la fin de l'année, nous aurons probablement déterminé qui fait quoi. C'était longtemps un sujet de dispute", a admis le ministre.

Une feuille de route commune

Cet optimiste est partagé par la France. En septembre, lors d'une rencontre à Évreux avec Boris Pistorius, le ministre des Armées Sébastien Lecornu confirmait que le MGCS "devrait être opérationnel entre 2040-2045". Les deux ministres ont même signé une feuille de route commune en présence des chefs d'état-major de l'armée de Terre des deux pays. L'objet porte sur une définition d'ici la fin de l'année des piliers de blocs technologiques à développer et la responsabilité de chaque État.

Financièrement, la France dispose d'un budget de 500 millions d'euros inscrit dans la loi de programmation militaire 2024-2030. L'Allemagne puisera dans son fonds spécial de 100 millions d'euros pour financer le programme par tranches avec 83 millions dès 2024 et 177 millions en 2025 et 2026. L'objectif est de remplacer à terme les chars Leclerc français et Leopard 2 allemand.

Jean-Louis Thiériot, Député LR et Vice-président Commission de la Défense nationale et des Forces armées - 12/06
Jean-Louis Thiériot, Député LR et Vice-président Commission de la Défense nationale et des Forces armées - 12/06
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Lancé en 2017, le projet est ambitieux et vise à créer une rupture entre les chars traditionnels et ceux qui seront nécessaires dans les guerres du futur. À l’instar du Scaf (système de combat aérien du futur), le MGCS n'est pas un simple char. C'est un système global qui met en œuvre des blindés et des drones aéro-terrestres avec une intelligence artificielle qui assistera, via un cloud de combat, les soldats.

"Ce char va tirer profit de la robotique. La robotique aérienne est déjà en pleine expansion, on le voit dans différents conflits. La robotique terrestre revêt des défis technologiques encore supérieurs compte tenu de la rudesse du terrain", déclarait à BFM Business le général Pierre Schill, chef d'état-major de l'armée de Terre.

Drones, armes laser et camouflage actif

La capacité au combat du char que doivent concevoir les industriels français et allemand sera décuplée par rapport aux chars actuels. Il devra atteindre des cibles à une distance de 8.000 mètres.

Le système permettra une observation jusqu’à 10.000 mètres de distance. En plus des munitions traditionnelles, le programme prévoit des armes laser et électromagnétiques ainsi que des systèmes de guerre électronique.

Les différents modules du système disposeront d'une bulle de protection (camouflage actif, blindage renforcé, contre-mesures et neutralisation) "pour agir contre des menaces aériennes et terrestres".

Cet ensemble sera bien sûr compatible avec le programme de combat collaboratif Scorpion, mais aussi avec Titan, son successeur dès 2040, qui permettra à l'armée de l'Air et de l'Espace ainsi qu'à la Marine de disposer de la même interface de combat. Le Scaf (système de combat aérien du futur), le PA-NG (porte-avions de nouvelle génération) et sans doute le SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d'engin) de troisième génération seront compatibles avec Titan.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco