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De grands acteurs du e-commerce s'engagent en faveur de l'environnement, Amazon refuse de signer

Les principaux acteurs du e-commerce en France ont signé une charte visant à rendre leur filière plus durable. Avec ce texte, ils s'engagent notamment à réduire les déchets et à mieux informer les consommateurs de l'empreinte environnementale des colis.

CDiscount, eBay, Rakuten, Fnac-Darty, Maisons du Monde, Veepee... Les principaux acteurs du e-commerce s'engagent auprès du gouvernement français à rendre leur filière plus durable par la signature d'une charte. Mais un grand nom manque à l'appel: Amazon.

Des discussions avec le géant américain ont pourtant bien eu lieu, mais celui-ci a préféré ne pas signer la charte au regard des exigences qu'elle impose, confirme Bercy, qui précise que la position d'Amazon pourrait "évoluer dans le temps".

La "charte d'engagements pour la réduction de l'impact environnemental du commerce en ligne" a été signée par quatorze acteurs du e-commerce, par la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) ainsi que par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, et par Cédric O, secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique.

Cette charte court sur six ans mais le gouvernement se réserve le droit de la modifier à mi-parcours, en accord avec les signataires. Trois volets la composent: la réduction des emballages, la meilleure information du consommateur et la logistique de livraison.

Invité du Grand Journal de l'Eco sur BFM Business, Marc Lolivier, délégué général de la Fevad, est revenu sur cette absence d'Amazon:

"On les encourage à signer la charte et j'ai cru comprendre dans leur déclaration qu'ils sont en train de regarder. Cela s'est fait rapidement et c'est bien car cela crée le mouvement. Cette charte va vivre dans le temps, il est prévu d'ailleurs de se revoir régulièrement, il y en quatorze aujourd'hui mais je peux vous dire qu'on discute avec beaucoup d'autres sites qui vous nous rejoindre très prochainement."

Réduire les emballages

Concrètement, les signataires s'engagent à réduire le volume des emballages pour au moins 75% des produits ou des colis d’ici le 31 décembre 2024. Pour ce faire, les entreprises sont invitées à supprimer le suremballage et à utiliser autant que possible des colis adaptés à la taille du produit.

Par ailleurs, la charte stipule que les entreprises devront utiliser des emballages de livraison en matières principales recyclées, recyclables ou réutilisables et privilégier les matériaux d’emballage au meilleur bilan environnemental.

Les acteurs du e-commerce promettent aussi de regrouper l’expédition des produits commandés par le consommateur. Fini les colis qui arrivent à trois jours d'intervalle, ce qui permettra ainsi de limiter leur empreinte carbone.

Concernant la livraison, ils devront rendre public à partir de 2023 la proportion de véhicules à faibles émissions de moins de 3,5 tonnes dans les flottes de transporteurs.

Mieux informer les consommateurs

La charte insiste sur la nécessité d'informer davantage les consommateurs sur les conséquences environnementales du e-commerce. Les entreprises s'engagent à indiquer l'empreinte carbone de chaque mode de livraison et à en proposer plusieurs à l'acheteur, en lui précisant le choix moins polluant, à compter du 1er janvier 2023. Il sera ensuite libre de le choisir.

D'autre part, les signataires devront faire en sorte d'avertir les consommateurs sur l'impact environnemental des retours de colis. Une pratique encouragée par certaines entreprises car elle pousse à l'achat.

Avec l'essor du e-commerce et la fermeture des enseignes pendant la crise sanitaire, de nombreux Français ont pris l'habitude de commander un même article en plusieurs tailles et de renvoyer ceux qui ne lui conviennent pas. L'empreinte carbone des produits retournés augmente alors considérablement.

Pour limiter les retours, les signataires de la charte s'engagent à proposer plus régulièrement des guides de taille afin de mieux accompagner le consommateur. Un message de sensibilisation pourra également s'afficher quand un client commande plusieurs articles de tailles différentes.

Pas de conséquences pécuniaires en cas de non-respect

A l'inverse d'une loi, la charte n'est pas contraignante. Les signataires qui ne la respectent pas ne s'exposent donc à aucune sanction. Le gouvernement, à l'initiative du texte, explique avoir voulu "tirer un nombre plus limité d'acteurs vers le haut plutôt que de passer par une loi", et croit "au caractère vertueux de la démarche".

"Nous avons fait le pari d’aller chercher les principaux acteurs du secteur et de leur demander de s’engager volontairement, en étant convaincu qu’on arriverait à aller plus loin avec une charte qu’avec une loi", défend Bercy.

Les signataires s'engagent à rendre compte chaque année à l’État des moyens mis en œuvre et des résultats obtenus au regard de chacun des engagements. Les services de l’État assureront la publication de ces résultats.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech