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Vacances: les locations saisonnières ont la cote auprès des Français

Alors qu'agents de voyages, hôteliers et croisièristes rongent leur frein, la filière des locations de vacances n'a pas trop à se plaindre de la situation. Pour leurs prochaines vacances, les Français préfèrent clairement trouver une maison ou un appartement à la mer.

Une fois par semaine, Vincent retrouve l’agence de voyage dont il a la responsabilité, dans les beaux quartiers de la capitale. Son employeur continue à lui verser une bonne partie de son salaire grâce au dispositif de chômage partiel maintenu à 100% pour les entreprises touristiques. Et depuis des mois, son constat ne varie pas: "les gens ne partent pas. Mes clients habituels ne m’appellent plus."

A quelques exceptions près, la clientèle de son agence n’est pourtant pas touchée de par la crise économique. Elle fait plutôt partie de la catégorie des Français qui, depuis le début de la pandémie, ont mis davantage d’argent de côté. Les clients de Vincent ont simplement changé leur façon de profiter des vacances. Cette année, ni Club Med aux Seychelles ni safari en Afrique du Sud, ni croisière aux Canaries. Certains ont privilégié la maison de famille en Bretagne, d’autres ont découvert Mi casa es tu casa, un site de location de maisons que l’on intègre uniquement par cooptation.

HomeToGo note une hausse globale de la demande

A la différence d’Airbnb, ici on loue son bien sans commission. "L’objectif de nos membres n’est pas de faire du business, mais de payer les frais d’entretien de leur résidence secondaire" souligne Marie Heydenreich. Française expatriée au Gabon, la créatrice de Mi Casa Es Tu Casa a été surprise par le nombre d’échanges de mails l’été dernier entre les 39 000 membres son site: "Dix fois plus qu’en temps normal. Depuis, ça s’est lissé, mais on reste à 450 par jour en moyenne, soit trois plus qu’avant" constate-t-elle.

Un cas particulier? Oui et non. La location saisonnière d’appartement et de maisons a certes souffert de la crise. Mais bien moins que l’hôtellerie. HomeToGo, le plus gros moteur de recherche de locations de vacances au monde, observe une hausse globale de la demande.

L'impact de la pandémie difficile à évaluer

Impossible, en revanche, de savoir quelle part de ces intentions de réservation se transforment en locations effectives. Ni Abritel (filiale du géant texan HomeAway), ni Airbnb n’accepte de révéler des informations sur l’évolution du nombre de locations en France depuis le début de la pandémie. "Nous ne pouvons pas communiquer ces informations" répond le porte-parole d’Abritel.

Pour se faire une idée des conséquences de la crise sur ce marché où l’offre est essentiellement détenue par des particuliers, on doit se contenter de sondages. Amivac (filiale du goupe SeLoger) a ainsi confié à Opinion Way le soin d’interroger un échantillon de 754 Français propriétaires d’une résidence mise en location au moins une partie de l’année. 71% d’entre eux estiment que "l’épidémie a impacté négativement leur activité de location". Mais on ignore l’ampleur du préjudice subi.

Toujours selon ce sondage, deux propriétaires sur trois n'ont pas fait le plein pendant les vacances de Noël. Mais seule la moitié d'entre eux déclarent une baisse de leur taux de remplissage "supérieure ou égale à 20%" Sachant que les grandes métropoles sont désertées par les touristes depuis près d’un an, il est facile d’identifier ceux qui ont le plus pâti de la crise.

Martinique et Guadeloupe toujours très demandées

Toute la filière touristique dresse le même constat: la montagne est la grande perdante de cet hiver. Les rumeurs successives de reconfinement et la permanence de la fermeture des remontées mécaniques pénalisent la montagne, d’ordinaire privilégiée pour les vacances de février. Les autres destinations résistent mieux" souligne-t-on chez Abritel.

Pour les vacances de printemps, HomeToGo constate, sur la version française de son site, que la Martinique et la Guadeloupe reste dans le peloton de tête des recherches des internautes hors métropole, alors que les Antilles ne figuraient pas dans le top 10 il y a un an. Bretagne, Corse et Normandie figurent également parmi les régions qui attirent le plus ceux qui prévoient de partir autour de Pâques ou pour les ponts de mai.

Les trois raisons qui favorisent la location saisonnière

Au-delà des destinations qui font plus facilement le plein de clients, comment expliquer l’engouement des Français pour la location saisonnière? Première raison invoquée par ceux qui, en temps normal, auraient pu opter pour un hôtel: cela résout le problème de l’ouverture ou non des restaurants, puisqu’on peut y cuisiner. La deuxième raison est d’ordre sanitaire. "Dans les parties communes d’un hôtel on croise beaucoup de monde" souligne Jonas Upmann, le directeur de la communication de HomeToGo. Le brassage permanent est encore plus de mise dans un club de vacances.

Dernière raison: lorsqu’on loue une maison ou un appartement, on s’y rend généralement en voiture, alors que les séjours à l’hôtel sont plus souvent associés à un déplacement en train ou en avion, double source de stress avec les risques d’annulation et de transmission du virus.

Dans l’attente du retour de ses clients, Vincent veut croire qu’à la fin de campagne de vaccination, les choses reviendront dans l’ordre. Un espoir que partagent patrons et salariés des compagnies aériennes, des hôtels et autres clubs de vacances.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco