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Congés payés et arrêt maladie: pour Patrick Martin, la nouvelle règle va coûter 2 milliards d'euros aux entreprises

Quelques jours après la présentation du Projet de loi de finances (PLF 2024), le patron du Medef, interrogé par le journal Les Echos, s'inquiète d'un alourdissement global du coût du travail.

Au moins deux milliards d'euros par an. C'est le coût estimé par Patrick Martin des arrêts rendus le 13 septembre dernier par la Cour de cassation sur la question des arrêts maladie. Pour être en conformité avec le droit européen, la juridiction a en effet décidé que ces arrêts de travail donneront désormais lieu à l'acquisition de congés payés pour les salariés. Un changement qui n'a donc rien anodin du côté des employeurs, a indiqué le patron du premier syndicat d'entreprises dans les colonnes du journal Les Echos ce mardi. D'autant que, selon lui, ces deux milliards d'euros annuels viennent s'ajouter à une série de mesures qui viennent alourdir le coût du travail en France.

Le président du Medef a pointé "plusieurs signaux" qui entrent en contradiction avec le maintien d'une politique de l'offre promis par le gouvernement.

Des "crispations" au sein du Medef

"Je pense bien entendu à la taxation des gestionnaires d'infrastructures de transport. Mais aussi à l'annonce de l'augmentation du versement mobilité des entreprises franciliennes pour financer les transports en commun, qui va leur coûter 400 millions de plus par an (...)", a-t-il expliqué. Patrick Martin souligne également les moyens alloués par l'Etat pour l'hôpital public "et pas pour l'hôpital privé". Des éléments qui, mis bout à bout, provoquent "des crispations" au sein du Medef.

"Au total, nous avons une augmentation du coût du travail en France en cette rentrée de près de 3 milliards", a-t-il ajouté.

Il estime que ce surcoût ne sera "pas tenable" pour les entreprises, "au vu de la conjoncture qui se dégrade et de la concurrence internationale qui s'intensifie".

"Des nouveaux boulets aux pieds"

Interrogé sur les réformes précédemment engagées, le président du Medef a admis qu'elles avaient bénéficié aux entreprises. "J'ai salué encore récemment les réformes de la fiscalité, des retraites et de l'assurance-chômage", a-t-il affirmé. Mais il refuse de parler de "cadeaux" alors que les entreprises tricolores ont créé 2 millions d'emplois et que "le rendement de l'impôt sur les sociétés n'a jamais été aussi élevé".

"Ce n'est pas le moment de leur mettre des nouveaux boulets aux pieds", plaide-t-il. La suppression des allègements de charges sur les salaires de plus de 2,5 Smic est notamment une des pistes, défendues à l'Assemblée, et envisagée au sein de l'exécutif.

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"Il n'y a rien qui justifie qu'on veuille revenir sur les allègements de charges sur les salaires, comme certains parlementaires le réclament", estime-t-il enfin.
Nina Le Clerre