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Centres de télémédecine dans les gares SNCF: Aurélien Rousseau estime qu'il s'agit d'un "outil complémentaire"

Le ministre de la Santé souhaite néanmoins que la SNCF et son partenaire Loxamed affinent leur proposition.

Ce n'est pas un soutien inconditionnel mais Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, accueille plutôt favorablement le projet de la SNCF d'installer des cabines de télémédecine dans certaines de ses gares.

"Je pense que ça peut être un outil complémentaire, mais que ça ne peut pas être un outil isolé du reste du parcours de soins", a-t-il indiqué ce mercredi sur Franceinfo.

"Il faut qu'il y ait un professionnel de santé qui accompagne" le patient dans leur utilisation, selon le ministre, qui a ajouté que "ce n'est pas une cabine de téléconsultation, c'est pas un photomaton".

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Il souhaite notamment que la SNCF et son partenaire Loxamed affinent leur proposition "pour dialoguer sur le parcours de soins et voir où est le médecin traitant dans tout ça".

Placer le médecin traitant dans le processus

Rappelons que le projet de SNCF Gares et Connexions est de déployer des espaces de télémédecine avec la présence d'un infirmier dans environ 300 gares d'ici à 2028, afin de lutter contre les déserts médicaux.

Il s'agit de proposer une solution d'offre de santé dans des zones où il est très compliqué de se faire soigner en visant les zones d'intervention prioritaires (ZIP) et les zones d'aménagement concertées (ZAC), caractérisées par une offre de soins insuffisante et une difficulté d'accès aux soins", soit 1.735 gares potentielles, explique SNCF Gares et Connexions dans un communiqué. Et de rappeler que "90% de la population vit à moins de 10 km d'une gare".

Sur BFM Business, Arnaud Molinié, président de Loxamed, l'entreprise qui a remporté l'appel d’offres de la filiale de la SNCF, reconnaît que ce projet "est ardu mais c'est une nécessité pour la communauté. On le fait en co-construction avec les autorités de santé qui vont tenir la guidance scientifique et médicale des lieux d'implantation". Le premier espace devrait ouvrir au premier trimestre 2024.

Un infirmier diplômé d'Etat (essentiellement libéral) sera donc toujours présent sur place et le patient sera "examiné à distance par un médecin exerçant sur le territoire français", selon SNCF Gares et Connexions.

Mais pour les médecins, ce projet n'est pas concevable. Dans un communiqué, l'Ordre des médecins exprime "sa profonde inquiétude quant au développement d'une telle activité commerciale et économique de la Santé, élément de sa financiarisation déjà l'œuvre".

L'Ordre des médecins n'en veut pas

"L’installation de ces boxes interroge sur les choix de l’Assurance Maladie que de favoriser par son remboursement la téléconsultation, par rapport à l’exercice habituel des médecins. De plus, cette proposition de la SNCF Gares ne répond pas ainsi aux exigences du Code de la Santé Publique", poursuit l'institution.

"Cette proposition détournera des professionnels de santé qui seront ainsi moins disponibles pour exercer dans les territoires les plus vulnérables", estime-t-elle.

Cinglant, l'Ordre des médecins invite la SNCF à se concentrer sur sa mission principale, à savoir proposer des liaisons ferroviaires de qualité et appelle l'entreprise publique "à améliorer la desserte ferroviaire des territoires les plus enclavés, véritable enjeu d’attractivité des territoires vis-à-vis de l’installation des professionnels de santé. L’aménagement des territoires est une condition essentielle à leur attractivité".

Olivier Chicheportiche avec AFP