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Cabines de téléconsultation dans les gares SNCF: l'Ordre des médecins s'insurge

L'institution dénonce une accélération de la "financiarisation" de la santé et invite la SNCF à améliorer la desserte du territoire pour attirer les médecins dans les zones rurales.

C'est "non". Pour l'Ordre national des médecins, le projet de SNCF Gares et Connexions de déployer des espaces de télémédecine avec la présence d'un infirmier dans environ 300 gares d'ici à 2028, afin de lutter contre les déserts médicaux, n'est pas acceptable en l'état.

Dans un communiqué, l'Ordre des médecins exprime "sa profonde inquiétude quant au développement d'une telle activité commerciale et économique de la Santé, élément de sa financiarisation déjà l'œuvre".

"L’installation de ces boxes interroge sur les choix de l’Assurance Maladie que de favoriser par son remboursement la téléconsultation, par rapport à l’exercice habituel des médecins. De plus, cette proposition de la SNCF Gares ne répond pas ainsi aux exigences du Code de la Santé Publique", poursuit l'institution.
GG, set et match : Déserts médicaux, des consultations dans les gares SNCF ? - 20/11
GG, set et match : Déserts médicaux, des consultations dans les gares SNCF ? - 20/11
24:25

Cette dernière estime même l'initiative contre-productive pour résoudre le problème des déserts médicaux. "Cette proposition détournera des professionnels de santé qui seront ainsi moins disponibles pour exercer dans les territoires les plus vulnérables", estime-t-elle.

90% de la population vit à moins de 10 km d'une gare

Cinglant, l'Ordre des médecins invite la SNCF à se concentrer sur sa mission principale, à savoir proposer des liaisons ferroviaires de qualité et appelle l'entreprise publique "à améliorer la desserte ferroviaire des territoires les plus enclavés, véritable enjeu d’attractivité des territoires vis-à-vis de l’installation des professionnels de santé. L’aménagement des territoires est une condition essentielle à leur attractivité".

Le projet de Gares et Connexions s'attache pourtant à proposer une solution d'offre de santé dans des zones où il est très compliqué de se faire soigner en visant les zones d'intervention prioritaires (ZIP) et les zones d'aménagement concertées (ZAC), caractérisées par une offre de soins insuffisante et une difficulté d'accès aux soins", soit 1.735 gares potentielles, explique SNCF Gares et Connexions dans un communiqué. Et de rappeler que "90% de la population vit à moins de 10 km d'une gare".

Sur BFM Business ce lundi, Arnaud Molinié, président de Loxamed, l'entreprise qui a remporté l'appel d’offres de la filiale de la SNCF, reconnaît que ce projet "est ardu mais c'est une nécessité pour la communauté. On le fait en co-construction avec les autorités de santé qui vont tenir la guidance scientifique et médicale des lieux d'implantation". Le premier espace devrait ouvrir au premier trimestre 2024.

Un infirmier diplômé d'Etat (essentiellement libéral) sera donc toujours présent sur place et le patient sera "examiné à distance par un médecin exerçant sur le territoire français", selon SNCF Gares et Connexions.

L'acte (sur rendez-vous) sera facturé comme une consultation de catégorie 1 et sera donc remboursé par la Sécurité sociale. "On est vraiment dans une consultation normale de médecin", souligne le dirigeant. Manière de répondre aux inquiétudes de l'Ordre.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business