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Carburants: les patrons de la grande distribution ne feront pas de vente "à perte"

Auditionnés à l'Assemblée nationale ce mercredi, les patrons de Carrefour, Intermarché, Système U et E. Leclerc ont expliqué qu'ils ne vendront pas les carburants à perte.

C'est un refus catégorique. Auditionnés à l'Assemblée nationale ce mercredi, les patrons de la Grande distribution ont été clairs sur leur intention de ne pas activer le levier de la vente à perte, pourtant exceptionnellement débloqué par le gouvernement contre la flambée des prix des carburants.

Le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, a ouvert le bal en affirmant qu'il ne se saisira pas de l'autorisation accordée aux distributeurs de vendre du carburant à perte à compter du mois de décembre.

"En ce qui nous concerne nous, groupe Carrefour, nous n’avons pas vocation et nous ne vendrons pas à perte. Si je me mets à vendre à perte, je mets en danger les équilibres. Nos modèles ne nous permettent pas à vendre à perte", a-t-il déclaré.
Les Experts : Vente du carburant à perte, quelles seront les conséquences ? - 19/09
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L'interdiction "de la revente à perte est un principe très important du commerce depuis 1963", a encore estimé Alexandre Bompard, également président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) qui représente une grande partie du secteur, ajoutant qu'"il ne faut pas ouvrir cette boîte de Pandore".

Même son de cloche pour Thierry Cotillard, le patron du groupement Les Mousquetaires (Intermarché).

"La démarche est louable de la part du gouvernement, à moment exceptionnel mesure exceptionnelle, mais la réalité économique est qu’on ne va pas la faire", a-t-il annoncé.

"Si on fait ça, on va augmenter le prix des pâtes"

"Si on fait ça, on va augmenter le prix des pâtes", a-t-il justifié, mettant en lumière la nécessité pour les enseignes de se rattraper en gonflant leur marge sur d'autres produits.

Le dirigeant a aussi souligné les difficultés qu'entraînerait une telle mesure pour les stations-service indépendantes. "On est dans les territoires, on n’a aucun intérêt à tuer les petits pompistes qui ne pourront pas le faire", a-t-il expliqué.

"Pour des raisons économiques il ne sera pas possible pour Système U de faire des opérations de vente à perte", a estimé, de son côté, Dominique Schelcher, le président du numéro 4 du secteur, Système U.

Enfin, Philippe Michaud, le président du conseil de surveillance de Leclerc, ne s'est pas montré plus hésitant sur le sujet. "Nos entreprises ne sont pas fabriquées pour faire de la vente à perte. Nous ne ferons pas de vente à perte sur les carburants", a-t-il tranché.

Un beau consensus au sein des distributeurs qui met un peu plus à mal la crédibilité de l'exécutif dans ce dossier. De son côté, le président du Medef, Patrick Martin, a qualifié la mesure de "non-sens économique qui ouvre la voie aux faillites en cascade dans la filière". "Sacrifier les entreprises privées ne peut pas être une politique anti-inflation", a-t-il ajouté.

Depuis son annonce par Elisabteh Borne samedi, l'autorisation de revente à perte, pourtant présentée par le gouvernement comme un outil de lutte contre la hausse du prix des carburants, fait l'objet de nombreuses critiques. Mais après celui de Totalénergies, le refus des enseignes d'y recourir représente un coup rude pour cette mesure qui semble mort-née.

P.L. avec AFP