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Au Sénat, Sanofi se défend d'être responsable de la pénurie de Doliprane

C'était au tour de Sanofi d'être auditionné ce 12 avril devant la commission d'enquête du Sénat sur les pénuries de médicaments. Le laboratoire pharmaceutique rejette toute responsabilité.

"Les équipes ont fait preuve d'une mobilisation exceptionnelle pour répondre à la demande". C'est par ces mots que la présidente de Sanofi en France a débuté son audition devant les sénateurs.

Sanofi est le seul fabricant de Doliprane, un des médicaments en tension notamment dans sa version pédiatrique. Toute la production est issue de son usine à Lisieux. Plus de 424 milllions de boites ont été produites et livrées en 2022, un record depuis sa commercialisation. La production de la solution pédiatrique a augmenté de 49% l'an dernier, avec une très forte accélération en fin d'année. Sanofi dit avoir adapté son outil industriel en produisant en continu, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, pour faire face à une forte demande mondiale, en raison d'une triple épidémie cet hiver, grippe, bronchiolite et covid. Le groupe a mis en place un plan de gestion des pénuries, surveille quotidiennement le niveau des stocks et tente de répondre à l'urgence en important des produits d'autres filiales si necessaire. C'est "la raison d'être du laboratoire" poursuit sa présidente, fournir à chacun son traitement.

Des médicaments rentables?

Des propos qui ne semblent pas avoir totalement convaincus les sénateurs présents, qui se demandent si la stratégie industrielle du groupe ne le pousse pas plutôt à délaisser la fabrication de médicaments chimiques matures et peu rentables. Ils prennent pour exemple, la création en 2021 d'Euroapi, l'ancienne division principes actifs de Sanofi, introduite en bourse en mai dernier pour accroitre son indépendance. Ou encore la fermeture de plusieurs sites industriels jugés peu stratégiques, comme celui de Dijon.

Ce ne sont pas des fermetures réplique Sanofi, mais des transferts vers d'autres laboratoires ou sous-traitants de qualité.

"La France reste de loin la plaque tournante de notre activité" explique Audrey Derveloy, la patronne France avec 16 sites sur 59 dans le monde, 40% des dépenses en recherche et développement et un tiers des investissements mondiaux."

60 millions d'euros par exemple ont été investis sur le centre de Sisteron pour la construction d'un nouveau bâtiment dédié aux lancements de nouvelles molécules chimiques.

Les solutions de Sanofi

Les membres de la commission d'enquête et Sanofi se sont rejoints sur un point, les tensions d'approvisionnement et les ruptures en officine sont une réalité et les conditions aujourd'hui ne sont pas favorables pour garantir à tous un accès aux médicaments. Sanofi propose trois solutions à court et moyen terme. Adopter d'abord une vraie politique du médicament en France, cohérente avec la souveraineté sanitaire annoncée et en assurer le financement. Définir une liste des médicaments jugés essentiels ou indispensables en y associant les industriels et en tenant compte de leurs capacités de production. Enfin, harmoniser les stocks et les normes relatives au conditionnement au niveau européen pour fluidifier la chaîne. La commission sénatoriale doit rendre elle ses conclusions début juillet.

Hélène Cornet