BFM Business
Entreprises

Après Go Sport, Gap et Camaïeu, au tour des Galeries Lafayette: la chute de l'empire Ohayon

Le tribunal de commerce de Bordeaux examine mercredi le plan de continuation d'activité des magasins Galeries Lafayette en province, propriété de l'homme d'affaires Michel Ohayon. Une étape de plus dans le déclin de son empire.

Quel avenir pour les magasins Galeries Lafayette en régions, actuellement en procédure de sauvegarde? Le tribunal de commerce de Bordeaux examine mercredi le plan de continuation d'activité de la direction en place. C'est l'homme d'affaires bordelais Michel Ohayon qui est l'actuel propriétaire de ces 26 magasins. C'est lui aussi qui avait racheté Camaïeu, Go Sport et Gap France. Des enseignes aujourd'hui liquidées et désormais il ne reste plus grand-chose de son empire.

L'ardoise se chiffre à 153 millions d'euros. 153 millions de passif pour les 25 magasins Galeries Lafayette en régions. La fermeture du 26ème, celui de Pau, est déjà actée. Le plan de continuité déposé par la société Hermione Retail prévoit un abandon de 70% des créances, et un échéancier sur dix ans pour le reste.

Le portrait de Poinca : Qui est Michel Ohayon, le self-made-man par excellence ? - 25/02
Le portrait de Poinca : Qui est Michel Ohayon, le self-made-man par excellence ? - 25/02
2:25

Mais les 850 salariés, des femmes à 85%, ne croient plus aux promesses de Michel Ohayon. L'intersyndicale a émis un avis défavorable sur le plan qui table sur une croissance de 11% de l'activité. Comment cela serait-il possible alors que les magasins ne cessent depuis quatre ans de perdre du chiffre d'affaires? Les représentants des salariés sont sceptiques et ont perdu toute confiance dans leur actionnaire.

Les précédents ne sont pas en sa faveur

Celui qui faisait le pari il y a cinq ans de redresser de nombreuses enseignes en difficulté a totalement échoué. Liquidation l'an dernier pour Camaïeu, acquis pour un euro symbolique à la barre du tribunal de commerce en 2020. Redressement judiciaire pour Go Sport, Gap France et la Grande Récré.

Des franchises qui ont toutes été reprises par des concurrents avec suppressions d'emplois à la clé. 50 des 72 magasins Go Sport vont bientôt passer sous la bannière d'Intersport qui les a rachetés et table sur un investissement de 60 millions d’euros sur cinq ans pour les rénover. Gap France a, lui, vu ses magasins tomber dans l’escarcelle de la société Spodis, qui appartient au britannique JD Sports.

Avec son expérience dans le commerce, beaucoup voyaient en Michel Ohayon l'homme de la situation pour redresser des enseignes en perte de vitesse. Fiasco total.

Épinglé pour mauvaise gestion

La crise sanitaire et la baisse du pouvoir d'achat n'ont certes pas aidé le secteur du prêt-à-porter, mais Michel Ohayon est épinglé aussi pour sa mauvaise gestion et d'étranges montages comptables entre plusieurs de ses filiales. De l'argent de Go Sport aurait servi à financer les salaires du personnel de Camaïeu par exemple. Go Sport encore qui aurait racheté l'enseigne Gap Frace pour 38 millions d'euros via la société-mère Hermione People and Brands.

Le portrait du jour : Qui est Michel Ohayon, la décadence d'un empire ? - 20/02
Le portrait du jour : Qui est Michel Ohayon, la décadence d'un empire ? - 20/02
2:15

Autant d'opérations que les cabinets d'experts mandatés ont bien du mal à justifier. Même la holding, la Financière immobilière bordelaise, qui chapeaute au total plus de 150 sociétés, des hôtels, de l'immobilier, des écoles de commerce… est en difficulté financière. Désormais le nom de Michel Ohayon est souligné en rouge à Bercy, et son empire essentiellement construit sur de la dette attaqué de toute part.

Hélène Cornet