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Accord sur la retraite des cheminots: Sud-Rail ne comprend pas la polémique

Alors que le PDG de la SNCF est convoqué par Bruno Le Maire, Fabien Villedieu, délégué syndical de Sud-Rail épingle sur BFMTV les injonctions contradictoires faites à la SNCF.

La polémique enfle. Très critiqué par l'opposition, mal perçu par une partie de l'opinion, l'accord signé entre la direction de la SNCF et les cheminots sur les fins progressives de carrière devient un sujet politique.

Ce jeudi sur BFMTV/RMC, Bruno Le Maire a ainsi considéré qu'il s'agissait d'une sorte de contournement de la dernière réforme des retraites qui oblige les salariés du privé à travailler deux ans de plus pour obtenir une pension complète, contournement fait sans son aval. Voire d'une injustice.

La SNCF détourne la réforme des retraites ? – 23/04
La SNCF détourne la réforme des retraites ? – 23/04
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Il a indiqué avoir "convoqué" le PDG de la SNCF pour obtenir des "explications".

L'irritation affichée par le ministre de l'Economie est assez mal accueillie par Sud-Rail qui a signé avec les tous les autres syndicats de la compagnie cet accord.

Qui finance? Les cheminots

"Qui finance ce système de départs anticipés?", lance sur BFMTV Fabien Villedieu, délégué syndical de Sud-Rail. "Ce sont les cheminots eux-mêmes par le fruit de leur travail, ce n'est pas le contribuable. Pourquoi tout le monde se mêle de cette affaire?"

Et de rappeler que "la SNCF est la compagnie ferroviaire la plus rentable d'Europe avec un bénéfice d'1,3 milliard d'euros en 2023".

Le représentant du deuxième syndicat de la SNCF (hors cadres) met en exergue les injonctions contradictoires faites à l'opérateur notamment autour de la paix sociale.

"Quand on fait grève, on gueule, quand on trouve un accord, on gueule aussi", souligne-t-il.

Fabien Villedieu rappelle également qu'il existe "plein de secteurs où il y a des accords de ce type, comme le transport routier, qui permet de partir cinq ans plus tôt, ou chez les conducteurs de bus interurbains".

Un argumentaire complété par Didier Mathis, Secrétaire Général de l’UNSA-Ferroviaire: "J’attends sa position sur les plans de départ des grandes entreprises telles qu’Orange, Stellantis, Michelin ou Renault qui ont proposé des plans de départ fin de carrière payés par les ASSEDIC où les salariés vont toucher 72% de leur salaire payé par les ASSEDIC?"

Certains pourront voir dans la colère de Bruno Le Maire un moyen pour amadouer l'opinion et les oppositions. Une colère de pure forme puisqu'il ne dispose finalement d'aucun moyen de pression pour forcer la SNCF à revenir en arrière.

Une colère d'autant plus étonnante qu'il y a quelques jours, Patrice Vergriete, le ministre des Transports n'y voyait strictement rien à redire.

Des accords de ce type ailleurs

"D’abord, je tiens à préciser que la réforme des retraites s’applique partout, y compris dans les entreprises publiques, explique-t-il dans Apolline Matin. La SNCF a le droit à ses accords d’entreprise, ses aménagements. La question, c’est qui le paye? On oublie qu’aujourd’hui, la SNCF est dans le jeu concurrentiel. Donc le contribuable ne contribuera pas à l’accord d’entreprise de la SNCF. Zéro".

Enfin, comme le souligne le représentant syndical, "cet accord n'est pas nouveau", il met à jour un précédent accord de 2008 jugé obsolète à la suite de différentes réformes des retraites adoptées depuis.

La question de la cessation anticipée de l'activité, notamment pour les conducteurs et les contrôleurs (chefs de bord), métiers considérés comme les plus pénibles, était au cœur des revendications depuis plusieurs années déjà.

Colère de pure forme?

De fait, aujourd’hui, l’âge moyen de départ d’un salarié SNCF est de 59 ans et 7 mois, mais il recule de plus en plus sous l’effet des différentes réformes. Un scandale pour les syndicats compte tenu de la pénibilité de la plupart des métiers de l'entreprise.

Les cheminots, dont font partie les conducteurs, pourront entamer une "cessation anticipée d'activité" 30 mois avant leur retraite avec 15 mois travaillés rémunérés à 100% et 15 mois non travaillés rémunérés à 75% avec une sur-cotisation de l'entreprise permettant de ne pas perdre de trimestres.

Pour les contrôleurs ayant au moins 25 années de métier, le dispositif est encore plus avantageux avec une cessation d'activité s'étalant sur 36 mois dont 18 mois non travaillés rémunérés à 75%.

Rappelons néanmoins que ce salaire maintenu à 75% ne comprend pas les primes (nombreuses) obtenues lorsque l'agent travaille. Il se base donc sur le traitement de base qui est bien inférieur au net.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business