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Vols dans des médias travaillant sur l'affaire Bettencourt

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Le site internet d'information Mediapart a annoncé mercredi avoir été victime d'un cambriolage début octobre, dans lequel ont disparu des documents sur l'affaire visant l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, en particulier des enregistrements.

Un journaliste du Monde et un reporter du Point travaillant sur l'affaire Bettencourt avaient déjà déposé plainte ces derniers jours pour le vol d'ordinateurs.

Les enquêtes concernant Liliane Bettencourt, 17e fortune mondiale, visent l'appropriation de son argent par son entourage par abus présumé de sa faiblesse, un possible financement illicite de l'UMP avec sa fortune et ses liens avec l'actuel ministre du Travail, Eric Woerth, ex-trésorier de ce parti.

Mediapart, qui a signé les premières révélations ayant lancé l'affaire Woerth-Bettencourt, explique avoir constaté qu'avaient été dérobés dans ses locaux deux ordinateurs de la responsable de la communication et d'une stagiaire. Le bureau ciblé dans le vol était mitoyen de ceux des journalistes Fabrice Lhomme et Fabrice Arfi, travaillant sur l'affaire, qui n'avaient pas laissé leur ordinateur dans les locaux ce soir-là.
Mediapart dit avoir déjà déposé plainte, et ne pas l'avoir fait savoir alors car il ne soupçonnait pas que ce cambriolage puisse être autre chose qu'un acte crapuleux. Les vols au Point et au Monde mis au jour, de nouvelles recherches ont permis de réaliser, explique Mediapart, qu'avaient été aussi volés dans ses locaux les CD-Roms portant les enregistrements clandestins de Liliane Bettencourt réalisés en secret par un employé. Leur publication par Mediapart avait lancé l'affaire en juin. Ont aussi été volés des documents confidentiels sur la société Mediapart et des archives. Mediapart entend donc compléter sa plainte à la police.

ALLIOT-MARIE S'EN REMET À L'ENQUÊTE

La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, interrogée sur France Inter avant ce nouveau développement, avait estimé qu'on ne pouvait tirer pour l'instant aucune conclusion de ces faits. "Il y a une enquête, puisqu'on a déposé plainte (...) Quand on saura des choses certaines, je pourrai vous faire un commentaire", a-t-elle dit.

Gérard Davet, reporter au Monde, dit s'être fait dérober la semaine dernière à son domicile son ordinateur et un équipement GPS qui sert à trouver son chemin en voiture et permettrait donc de retracer ses déplacements. Samedi, dans les locaux du magazine Le Point les ordinateurs de deux journalistes, une qui ne travaille pas sur l'affaire Woerth-Bettencourt et Hervé Gattegno, spécialiste de ce dossier à l'hebdomadaire, ont été volés. Un câble qui protégeait son ordinateur a été cisaillé.
Gérard Davet et Hervé Gattegno ont confié à des collègues qu'ils jugeaient troublants ces vols mais précisent n'avoir aucun élément pour dire qu'ils sont liés à leurs articles.

La presse a fait l'objet de deux enquêtes de police visant à identifier ses sources dans l'affaire Bettencourt. La première, menée l'été dernier par le contre-espionnage, portait sur les articles de Gérard Davet. Elle a identifié un magistrat du ministère de la Justice, qui a été limogé. La seconde a été menée ce mois-ci à la demande du procureur de Nanterre Philippe Courroye qui souhaitait vérifier si deux journalistes du Monde communiquaient avec la présidente du tribunal Isabelle Prévost-Desprez. Le procureur a fait examiner par la police les factures détaillées de communications téléphoniques de ces deux journalistes. Le quotidien a déposé plainte, jugeant qu'avait été violé le secret des sources, protégé par la loi. Le procureur de Paris Jean-Claude Marin n'a pas encore donné suite à ces plaintes, mais il a demandé au contre-espionnage de lui livrer les éléments de son enquête, ce que le service a refusé en invoquant le "secret-défense".