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"Ils ont fermé six étages": entre télétravail et RTT, les bureaux sont désertés le vendredi

De nombreux salariés télétravaillent le vendredi, jour où les bureaux sont souvent désertés.

Des bureaux désertés le vendredi. Entre télétravail, RTT et absentéisme, on ne croise parfois plus grand monde en ce dernier jour de la semaine de travail. Dans le quartier parisien de la Défense, le vendredi ressemble déjà un peu au weekend. L'esplanade est clairsemée et les employés présents font presque office d'irréductibles.

"On est 200 ou 300 sur l'étage", explique un salarié, et le vendredi "je pense qu'on peut facilement diviser le nombre par quatre ou cinq, voire davantage".

Au bureau, "un pourcentage d'environ 7 ou 8% d'occupation le vendredi"

Depuis la crise sanitaire, de nombreuses sociétés proposent de travailler à distance le vendredi. Selon un sondage Odoxa pour BFM Business et Challenges, le télétravail concerne désormais trois actifs sur dix et même un cadre sur deux. Face à l'ampleur du phénomène, certaines entreprises ont été contraintes de s'adapter.

"Ils ont décidé de fermer six étages sur dix" car "ils avaient constaté un pourcentage d'environ 7 ou 8% d'occupation le vendredi", explique une salariée au sujet de son entreprise.
Le débat : Télétravail, faut-il arrêter ? - 18/01
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Environ 30 à 40% des emplois seraient actuellement concernés par le télétravail selon Jean-Christophe Sciberras, à la tête du cabinet de conseil Newbridges, spécialisé dans les relations sociales en entreprise. Pour lui, la semaine de quatre jours est la prochaine étape. "L'équilibre vie professionnelle vie personnelle est incontestablement meilleur avec la semaine de quatre jours", souligne-t-il. Selon ce même baromètre Odoxa, 77% des actifs sont favorables à la semaine de quatre jours.

"Le problème est plus pour l'entreprise, de savoir s'organiser pour ne pas perdre en productivité". Explique Jean-Christophe Sciberras.

Une évolution qu'appréhendent les commerçants et les restaurateurs, déjà fragilisés par le télétravail. Car les télétravailleurs prennent désormais leur pause déjeuner à la maison. "À Paris, les salariés sont présents en moyenne trois jours par semaine. Ce sont des jours en moins pour les taxis, des jours en moins pour les hôtels, des jours en moins pour les bistrots, les brasseries de quartier", regrette Stéphane Manigold, président de la branche restauration de l'Umih Paris et Île-de-France.

Un "système open bar"

Les entreprises tentent aujourd'hui de mettre un peu d'ordre dans le télétravail. Ce dernier "s'est installé très brutalement" en France, "un pays très peu télétravailleur avant le Covid-19", souligne Benoît Serre, DRH de L’Oréal et vice-président de l’Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH), sur le plateau de BFMTV. C'est aujourd'hui "un système un peu 'open bar' où les gens décident quand ils viennent et quand ils ne viennent pas", avance-t-il.

Les télétravailleurs "décident souvent par eux-mêmes s'ils viennent ou ne viennent pas", ce qui est "un peu dérangeant pour le fonctionnement collectif", selon Benoît Serre.

Sans règle générale, chaque entreprise a défini ses propres conditions, dans le cadre de la négociation d'accord de télétravail. La grande majorité des entreprises qui l'ont instauré l'ont ainsi limité à deux jours par semaine. Certaines sont allées plus loin, en limitant le nombre de vendredis télétravaillables, en instituant une validation préalable des jours télétravaillés ou en imposant la présence des employés à certaines réunions.

Salariés comme DRH aspirent à une "plus grande liberté dans l'organisation du travail", mais les entreprises ont "besoin d'un fonctionnement collectif minimum", note Benoît Serre. Pas une question de productivité, selon lui, le télétravail n'ayant aucune incidence sur cette dernière. Il y a une "stabilité absolue" de la productivité lorsqu'un salarié télétravaille, affirme-t-il "Ceux qui ne faisaient pas grand-chose au bureau ne font pas grand-chose chez eux, et inversement".

Jérémy Bruno avec les reporters BFMTV