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Tensions sociales de plus en plus vives à Pôle Emploi

Les tensions sociales s'accentuent à Pôle emploi, un phénomène que les syndicats attribuent à une situation économique "inédite dans le pays" mais aussi aux difficultés de ce service public à accompagner les chômeurs. Une semaine jour pour jour après la p

Les tensions sociales s'accentuent à Pôle emploi, un phénomène que les syndicats attribuent à une situation économique "inédite dans le pays" mais aussi aux difficultés de ce service public à accompagner les chômeurs. Une semaine jour pour jour après la p - -

par Chine Labbé PARIS (Reuters) - Un demandeur d'emploi a menacé lundi de s'ouvrir les veines dans une agence Pôle Emploi à Tremblay-en-France...

par Chine Labbé

PARIS (Reuters) - Un demandeur d'emploi a menacé lundi de s'ouvrir les veines dans une agence Pôle Emploi à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), a-t-on appris auprès de la direction, dernière illustration d'un malaise de plus en plus grand lié à un taux de chômage élevé.

Cet incident intervient une semaine jour pour jour après la prise d'otage, pendant quelques heures, de deux responsables d'une agence Pôle Emploi dans le XIe arrondissement de Paris.

Pour les syndicats, ces tensions sociales témoignent d'une situation économique "inédite dans le pays", mais aussi des difficultés de ce service public à accompagner les chômeurs.

"Les demandeurs d'emploi n'ont pas d'espace de représentation, le seul endroit où ils peuvent exprimer leur désarroi, leur colère et éventuellement leur mécontentement, c'est bel et bien Pôle Emploi", a dit à Reuters Jean-Charles Steyger, représentant national du SNU-Pôle Emploi.

"Aujourd'hui, étant donné la charge de travail qu'on a, les demandeurs d'emploi sont contraints de passer par les plates-formes téléphoniques et le site internet", ajoute-t-il, déplorant une "logique de mise à distance", qui, selon lui, ne peut "qu'attiser l'agressivité".

Christian Charpy, directeur général de Pôle Emploi, a annoncé dimanche le lancement d'une consultation interne sur la sécurité de ses agents pour examiner d'ici novembre les mesures préventives à mettre en oeuvre.

Le 17 octobre, un informaticien au chômage de 45 ans avait sorti une arme factice lors d'un rendez-vous avec sa conseillère, exigé de voir la direction, et pris en otage la directrice de l'agence et son adjoint avant de se rendre.

Un geste motivé avant tout par un "ras-le-bol" du chômage, d'après la police. "Depuis le début des années 2000, comme pas mal de citoyens français, je galère; mais depuis quelques années, j'ai amorcé les étapes ultimes qui mènent à la précarité", avait écrit le preneur d'otage dans un mail adressé au site internet d'informations Rue89.

Un cas isolé, mais qui illustre les difficultés croissantes rencontrées au quotidien par les agents, estiment les syndicats.

LA CRISE, PREMIER RESPONSABLE

"Les incivilités, les agressions verbales ou physiques et leurs conséquences, des agents qui craquent et qui se réfugient derrière des médicaments anti-stress ou des conduites addictives, c'est en hausse constante", a dit à Reuters Jean Montéro, délégué syndical central suppléant pour FO-Pôle Emploi.

Les agressions ont augmenté de 20% au premier trimestre de 2011, d'après la direction de Pôle Emploi.

Tous les espoirs sont placés dans un baisse du chômage, qui touche plus de 9% de la population active en France, mais cette perspective ne semble pas proche, le gouvernement s'apprêtant à réviser à la baisse sa prévision de croissance économique.

Début octobre, Pôle Emploi prévenait que, même si la croissance ne faiblissait pas l'an prochain, le nombre de chômeurs en France ne devrait que très légèrement diminuer en raison du ralentissement des créations de postes.

Mais la crise n'est pas seule responsable, selon les syndicats. Ils déplorent le manque de suivi personnalisé des chômeurs, accentué selon eux depuis la fusion de l'ANPE et des Assedic en 2008.

"Si on compare nos effectifs avec nos voisins allemands ou britanniques, le taux de charge est beaucoup plus élevé chez nous," dit Jean Montéro.

Le 7 juin, la Commission européenne avait jugé que les ressources consacrées à l'accompagnement des demandeurs d'emploi étaient "insuffisantes" en France, d'après un récent rapport du Sénat qui souligne que les résultats de Pôle emploi en matière de retour à l'emploi étaient décevants par rapport à ceux d'autres pays. Elle recommandait ainsi un renforcement des moyens humains et de l'accompagnement des chômeurs.

Alors que le nombre moyen de demandeurs d'emploi suivis par conseiller était de 85 fin 2008, ce rapport le chiffrait à 95 en 2009, puis 105,8 fin décembre 2010.

Selon le SNU-Pôle Emploi, un agent suivrait aujourd'hui 160 chômeurs en moyenne, un chiffre pouvant aller jusqu'à 300 dans certaines agences d'Ile-de-France ou de Bretagne.

Edité par Yves Clarisse