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Près de 8 heures par semaine: le télétravail propice aux heures supplémentaires non rémunérées

Néanmoins, selon une étude d'ADP, un spécialiste des solutions RH, la part de télétravailleurs offrant des heures supplémentaires est en baisse sur un an.

Si le télétravail est devenu une habitude chez les salariés français depuis la crise du Covid, c'est une pratique à double-tranchant. Trop utilisé, il peut isoler socialement et peut être associé à une perte de productivité par les directions.

Pourtant, la propension des télétravailleurs à en faire plus que d'habitude est confirmée par de nombreuses études. En clair, on observe une hausse du nombre d'heures effectivement travaillées qui ne s'accompagne généralement pas du versement d'heures supplémentaires alors qu'un salarié au bureau peut y prétendre.

Les salariés en télétravail moins augmentés : logique ou choquant ? - 24/01
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14:05

Selon la dernière enquête* "People at Work 2023" d'ADP, un spécialiste des solutions RH, plus de deux tiers des télétravailleurs (68% contre 56% de leurs collègues sur site) déclarent effectuer des heures supplémentaires non rémunérées.

"Les travailleurs à distance donneraient en moyenne à leurs employeurs l'équivalent de 7,66 heures supplémentaires non rémunérées effectuées sur leur temps libre chaque semaine, comparé à la moyenne de 5,06 heures pour ceux qui exercent sur site", peut-on lire.

Néanmoins, la part de télétravailleurs effectuant des heures supplémentaires gratuites est en baisse, elle était de 76% en 2022. Mais le nombre d'heures est en hausse puisqu'il était en moyenne de six heures lors de la précédente étude.

La moitié des télétravailleurs se sentent jugés

Le télétravail fait-il culpabiliser les salariés? Ces heures supp' sont réalisées "soit en commençant leur journée de travail plus tôt ou en se déconnectant plus tard, en prenant des pauses raccourcies, ou en restant disponibles en dehors des horaires de travail habituels afin de toujours répondre présents".

D'ailleurs, selon l'étude, 51% disent avouer envisager de faire des heures supplémentaires non payées pour sécuriser leur emploi, contre seulement 26% des collaborateurs en présentiel. 54% se sentent même jugés du fait qu’ils jouissent de conditions de travail flexibles.

"Il est encourageant de constater que le nombre de télétravailleurs effectuant des heures supplémentaires non rémunérées est en baisse. Cependant, la quantité d’heures réalisées reste inquiétante et illustre le non-respect du droit à la déconnexion", commente Carlos Fontelas De Carvalho, président d’ADP en France et en Suisse.

"Si la généralisation du travail à distance a été bénéfique pour de nombreuses entreprises, le 100% télétravail peut engendrer des effets néfastes, notamment en ce qui concerne l’augmentation du stress et des risques psycho-sociaux, et a développé le sentiment d’insécurité professionnelle", poursuit-il.

"La mise en place du télétravail doit donc être bien réfléchie, avec par exemple des formations pour aider les managers à détecter les 'signaux faibles' de risques de stress à distance ou de sentiment d’insécurité dans l’emploi."

Selon une étude Ifo et Econpol Europe, les salariés français télétravaillent 0,6 jour par semaine en moyenne contre 0,9 jour à l'échelle mondiale. Selon une autre étude, les salariés français sont en présentiel 3,5 jours chaque semaine, contre 3 chez les Suisses, 2,6 chez les Britanniques et 2,5 jours chez les Espagnols.

*: ADP Research Institute a interrogé 32.612 actifs dans 17 pays, dont 1.912 en France.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business