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Marseille : le départ de Ryanair menace des centaines d'emplois

Le PDG de Ryanair, Michael O'Leary, lors de l'annonce de la fermeture de la plate-forme de Marseille-Provence de la compagnie aérienne irlandaise à bas coût. Cette décision, qui prend effet mardi, menace directement plusieurs centaines d'emplois dans la r

Le PDG de Ryanair, Michael O'Leary, lors de l'annonce de la fermeture de la plate-forme de Marseille-Provence de la compagnie aérienne irlandaise à bas coût. Cette décision, qui prend effet mardi, menace directement plusieurs centaines d'emplois dans la r - -

MARSEILLE (Reuters) - Plusieurs centaines d'emplois sont directement menacés dans la région marseillaise par la fermeture mardi de la seule...

MARSEILLE (Reuters) - Plusieurs centaines d'emplois sont directement menacés dans la région marseillaise par la fermeture mardi de la seule plate-forme en France de Ryanair, la première compagnie à bas coût au monde.

La compagnie irlandaise a annoncé le 13 octobre la fermeture de sa plate-forme de Marseille-Provence après l'ouverture d'une procédure judiciaire à son encontre liée aux conditions de rémunération de ses 200 salariés locaux payés dans le cadre de contrats de droit irlandais et non français.

Les postes de pilotes et de personnels navigants basés à Marseille seront transférés vers d'autres aéroports en Espagne, en Italie et en Lituanie. Il en sera de même pour les quatre avions basés sur le tarmac provençal.

Ryanair supprime 13 des 23 lignes qu'elle assure au départ de Marseille, notamment vers Brest, Lille et Nantes ou vers Agadir (Maroc), Eindhoven (Pays-Bas) et Venise.

A l'aéroport de Marseille-Provence, où Ryanair représente plus de 80% du trafic du terminal réservé aux compagnies "low cost", on a fait ses comptes.

La direction a chiffré à 550 millions d'euros les retombées économiques pour le territoire de Marseille de l'activité low cost, qui a représenté en 2010 environ 1,7 million de passagers, soit près du quart des 7,4 millions de passagers enregistrés au départ et à l'arrivée de l'aéroport régional.

"Le fait que Ryanair réduise de moitié ses activités a une conséquence directe pour plusieurs centaines d'emplois", a déclaré à Reuters son directeur du marketing, Julien Boullay.

"Ryanair a permis la création de 1.000 emplois directs ou induits. On estime donc à 500 les emplois directement menacés par son retrait partiel", a-t-il ajouté.

AÉROPORT EN FORTE CROISSANCE

L'arrivée en 2006 de la compagnie aérienne avait grandement contribué au développement du terminal low cost marseillais, qui a signé en 2009 la deuxième plus forte croissance de trafic passagers des 100 plus grands aéroports européens.

Dans l'attente d'un hypothétique retour de la compagnie irlandaise, la direction de l'aéroport s'attache à "combler le vide" laissé par le départ de Ryanair.

"Notre priorité est d'ouvrir de nouvelles lignes avec d'autres compagnies", explique Julien Boullay.

La filiale low cost d'Air France, Transavia, a ouvert en novembre une liaison vers Monastir (Tunisie) et devrait rapidement se développer sur d'autres destinations.

"Nous sommes aussi en contact avec plusieurs opérateurs désireux de s'investir sur notre territoire", a-t-il dit.

La mise en examen fin septembre de Ryanair comme personne morale, notamment pour "travail dissimulé et prêt illicite de main-d'oeuvre", à la suite de plaintes de deux syndicats, est directement à l'origine du retrait de la compagnie irlandaise.

"Nous sommes très déçus de la décision des autorités françaises d'engager des poursuites contre la base Ryanair à Marseille, qui est totalement conforme à la réglementation de l'UE pour les travailleurs mobiles de transport", avait déclaré le PDG de Ryanair, Michael O'Leary, lors de l'annonce de la fermeture de la base française.

"Ces emplois ne sont pas français. Ce sont des emplois irlandais sur des avions irlandais puisqu'ils sont considérés comme territoire irlandais par la réglementation de l'UE. Si les juges, qu'ils soient français ou européens, venaient à dire que la législation européenne s'impose sur la législation française, nous serions ravis de rouvrir notre base ici", avait-il ajouté.

La compagnie conteste le décret du 21 novembre 2006 soumettant les personnels navigants des compagnies étrangères installées en France au droit français.

Déboutée en 2007 par le Conseil d'Etat, elle a saisi la Cour européenne des droits de l'Homme.

En avril dernier, une autre compagnie à bas coûts, EasyJet, a été condamnée à verser 1,4 million d'euros à Pôle Emploi pour travail dissimulé dans un dossier comparable concernant 170 salariés basés à l'aéroport parisien d'Orly.

Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse