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LGBT+: le climat en entreprise "n’a jamais été aussi progressiste", sauf pour les personnes transgenres

Dans les entreprises et les organisations, plus de 60% des personnes LGBT+ déclarent être visibles auprès de leurs collègues, c'est-à-dire ne pas dissimuler leur orientation sexuelle ou leur identité de genre.

Pour une bonne ambiance au bureau, chacun doit se sentir à l'aise. Sur les sujets liés à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre, le climat au travail "n’a jamais été aussi progressiste qu’aujourd’hui", note une vaste étude publiée jeudi 25 avril.

Un climat qui permet à plus de personnes LGBT+ d'être elles-mêmes au travail. Plus de 60% d'entre elles déclarent être visibles auprès de leurs collègues, c'est-à-dire ne pas dissimuler leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. C'était 50% il y a six ans, selon le baromètre LGBT+ publié par l'Ifop et l'association L’Autre Cercle.

Cette dynamique se traduit également par un fort taux d’adhésion autour des questions liées à la féminisation des noms de métiers (76%) ou à l’accès aux toilettes selon le genre auquel les personnes trans ou non-binaires s'identifient (74%). De la même façon, les actes de violences physiques diminuent de 4 points par rapport à 2021, passant de 14% à 10%.

Des carrières freinées

Pendant longtemps, être LGBT+ au bureau pouvait freiner votre carrière. "Il y a beaucoup d'exemples de personnes qui, dès qu'elles se sont rendues visibles, ont tout à coup subit des discriminations. Ça peut être une promotion ou une augmentation de salaire qui est refusée subitement, ou un changement dans les missions confiées", explique Julien Hamy, porte-parole de l'association l'Autre Canal.

Heureusement la situation s'améliore là aussi. Les discriminations dans la rémunération ou dans le recrutement reculent de deux points en 2023, pour atteindre respectivement 16% et 15% des personnes LGBT+ employées.

Les entreprises semblent donc avoir mieux pris en compte ces sujets. Une évolution en miroir de celle de la société, selon Julien Hamy. 77% des personnes interrogées qui considèrent leur organisation comme LGBT-friendly, selon l'étude.

Quand les entreprises s'emparent du sujet

Julien Hamy note également un engagement des entreprises. "De plus en plus d'organisations essaient de créer un environnement inclusif et bienveillant", se réjouit-il.

Cela passe tout d'abord par "une prise de parole de la direction, pour mettre le sujet sur la table, pour dire que les propos homophobes ou transphobes ne seront plus acceptés", explique-t-il.

Plus de la moitié des personnes LGBT+ interrogées déclarent avoir entendu des expressions LGBTphobes telles que 'enculé' (45%), 'gouine' (32%) ou encore 'travelo' (29%). "Autant de mots qu'on ne tolérerait pas sur le sexisme et le racisme", note Julien Hamy.

La sensibilisation, via des webinaires à destination des équipes ou des formations pour les manageurs, est également plébicitée par Julien Hamy. Le chef de projet du baromètre LGBT+ évoque aussi l'ouverture des contrats de mutuelle aux conjoints de même sexe ou la mise en place de référents diversité dans les petites, moyennes, et grandes entreprises.

Une discrimination exacerbée pour les personnes trans ou non-binaires

En revanche, en ce qui concerne les personnes transgenres et non-binaires, la situation reste préoccupante. Elles sont près de 35% (vs 21% des personnes LGBT+ employées) à déclarer avoir constaté des traitements inégaux du fait de leur orientation sexuelle ou de leur identité ou expression de genre, notamment dans le déroulement de leur carrière (34% vs 20%).

Cette discrimination exacerbée s'explique, selon Julien Hamy, par une méconnaissance de ces sujets. On voit dans le baromètre que seules 6% des personnes interrogées sont mal à l'aise lors d'un coming-out homo, bisexuel ou lesbien, en revanche ce chiffre grimpe à 21% et 16% en ce qui concerne les collègues transgenres et non-binaires. "Souvent le malaise peut être lié à l'inconnu, au fait de ne pas connaître et de ne pas savoir comment réagir, conclut Julien Hamy. Il faut faire preuve de pédagogie."

Selon l'Ifop et L’Autre Cercle, cette étude a été réalisée :

● "du 24 janvier au 20 février 2024 auprès d’un échantillon représentatif de 8 997 salarié·es et ou agent·es, dont 1 027 LGBT+ (personnes homosexuelles, bi/pansexuelles, asexuelles et transgenres)"

● "et du 22 janvier au 14 février 2024 auprès d’un échantillon de 43 252 salarié·es et ou agent·es travaillant dans 83 organisations signataires de la Charte d’Engagement LGBT+ L’Autre Cercle, dont 6 915 LGBT+".

Marine Cardot