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Uber, Air France, Dow: quand les entreprises jouent les porte-drapeaux LGBT

Air France est engagée depuis des années auprès des militants LGBT, notamment via son association interne, Personn'ailes.

Air France est engagée depuis des années auprès des militants LGBT, notamment via son association interne, Personn'ailes. - JACK GUEZ / AFP

Le vétéciste, la compagnie aérienne et le géant de la chimie ont tous pris des mesures ou lancé des opérations pour soutenir la cause LGBT. Des initiatives à double tranchant.

Uber fêtait la journée nationale du rose pour soutenir la diversité et l’inclusion. Le 10 avril, le service de réservation de voitures avec chauffeur fait apparaître ses véhicules en rose dans l’appli. Une initiative prise "en solidarité avec la communauté LGBT, pour lutter contre la discrimination et célébrer la diversité", affirme la filiale britannique sur Twitter.

L’opération vise sans doute à redorer la réputation d’Uber, après que son patron-fondateur aujourd’hui débarqué, Travis Kalanick, a été accusé d’avoir instauré une culture d’entreprise machiste endémique chez Uber. Le vétéciste a par exemple été mis en cause pour au moins trois agressions homophobes plus ou moins violentes par ses chauffeurs en France depuis 2014.

D’autres faits du même type ont été recensés sur ses marchés anglo-saxons. Couplés aux accusations de sexisme systémique dans l’entreprise, ces évènements avaient nui aux affaires du groupe en 2017, lorsqu’une campagne pour désinstaller Uber avait pris corps sur les réseaux sociaux. Le groupe a récemment reconnu que des dizaines de milliers d'utilisateurs avaient supprimé l'appli de leur smartphone à cette occasion.

Des risques pour les entreprises "gay-friendly"

Au-delà d’Uber, nombre d’entreprises organisent des actions contre l’homophobie ces derniers temps. Comme Air France qui prévoit de faire voler deux appareils aux couleurs de l’arc-en-ciel entre Paris et San Francisco le 28 juin prochain, à l’occasion des Gay Pride des deux villes. Une vente caritative sera organisée à bord de ces vols dont les recettes seront reversées à l’association Le Refuge, qui recueille de jeunes homosexuels et transsexuels mis à la porte par leur famille. La compagnie est par ailleurs très engagée pour la cause LGBT, qu'elle soutient notamment via son association interne, Personn'ailes

Ces opérations sont généralement bien accueillies dans les médias, et les entreprises en tirent des bénéfices en termes de marque employeur. Ainsi 80% des membres de la génération Y, qu’ils se revendiquent ou non LGBT, prêtent une attention particulière à la politique en matière de diversité prônée par les entreprises, selon une étude PwC.

Reste que les groupes qui affichent des positions "gay friendly" courent encore le risque de se mettre à dos une partie de la population.

Un drapeau arc-en-ciel chez les ultra-conservateurs

C’est ce qu’a vécu Dow Chemical, deuxième plus grande entreprise américaine dirigée par un patron ouvertement homosexuel (derrière Apple). En 2018, le géant de la chimie commence à faire flotter un drapeau LGBT à côté du drapeau américain devant son siège social situé dans le très conservateur Midwest américain. Aussitôt, les journaux locaux reçoivent des tonnes de lettres d’habitants des environs déplorant que Dow impose ainsi ses vues en matière sociétale, raconte Bloomberg.

"Peut-être que nous sommes dans un État où une personne LGBT ne se sent pas en sécurité à cause de certaines lois, mais quand elle vient travailler ici, elle doit se sentir en sécurité", avait seulement répondu Jim Fitterling, le PDG de Dow Chemical.

En matière d’inclusion, et bien que la discrimination pour cause d’orientation sexuelle soit condamnée par la loi depuis près de vingt ans en France, il y a encore fort à faire en entreprise. 31% des personnes LGBT se déclarent déprimées ou malheureuses au travail, et 46% craignent de faire leur coming-out au bureau, 35% craignant que cela mette un frein à leur carrière, selon une étude de Human Rights Watch parue le 25 juin dernier.

Nina Godart