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Emploi

Les entreprises françaises prévoient un nombre record d'embauches en 2019

Selon une enquête de Pôle emploi publiée ce jeudi, les intentions d'embauches des entreprises françaises atteignent un niveau sans précédent depuis la crise. Autre bonne nouvelle: les embauches prévues en CDI augmentent. En revanche, les employeurs peinent de plus en plus à trouver les bons candidats.

Voici une nouvelle rassurante sur le front de l'emploi. Alors que l'économie ralentit, avec une croissance attendue à 1,4% cette année contre 2,3% en 2017, les entreprises ne mettent pas le frein sur les embauches. Bien au contraire. Elles ont toujours plus l'intention d'embaucher, selon la dernière édition de l'enquête Besoins en main-d'œuvre (BMO) de Pôle emploi, réalisée avec le Crédoc et publiée ce jeudi. 

Sur les 2,3 millions d'entreprises interrogées, plus d'un quart a l'intention d'embaucher en 2019, un chiffre plutôt stable par rapport à l'année passée (+0,5 point) mais il s'agit néanmoins du niveau le plus élevé depuis neuf ans. Surtout, ces recruteurs envisagent d'embaucher en moyenne plus de quatre personnes, soit 10% de plus qu'en 2018.

Au total, ce sont près de 2,7 millions de projets d'embauche pour cette année, soit "le plus haut niveau atteint depuis 2010", date de la première édition de l'enquête, souligne Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi. Par rapport à l'année précédente, ce sont 350.000 projets supplémentaires (+15%), soit la deuxième plus forte hausse enregistrée après les 370.000 (+19%) de 2018. 

Projets de recrutements BMO 2019.png
Projets de recrutements BMO 2019.png © -

De plus en plus en CDI

Les raisons qui motivent ces projets d'embauche sont, elles aussi, rassurantes. Certes, la plupart des recrutements (44%) sont envisagés pour faire face à un surcroît ponctuel de commandes. C'est pourquoi parmi les métiers les plus recherchés -comme viticulteur ou serveur de cafés-, les embauches sont très souvent saisonnières. Mais cette raison est nettement moins évoquée que ces dernières années. À l'inverse, de plus en plus d'entreprises envisagent de recruter pour remplacer des salariés définitivement partis ou pour développer une nouvelle activité. Autrement dit, les entreprises devraient proposer davantage d'offres d'emploi de longue durée en 2019. 

Et cette tendance se confirme dans les types de contrats proposés. Le nombre de projets de recrutement non saisonniers a nettement augmenté (+16%), tout comme la part des CDI (+3,5 point) dans les contrats qui devraient être proposés. À l'inverse, celle des CDD de moins 6 mois a diminué (-0,7 point) et surtout celle des CDD plus longs (-2,8 points). Ces contrats de longue durée dominent notamment dans l'industrie, où les CDI concerne deux projets d'embauche sur trois.

Aide soignant, agent d'entretien, artiste... des métiers très demandés

Une fois n'est pas coutume, les plus petites entreprises sont celles qui embauchent le plus: les deux tiers des projets de recrutement émanent d'une société de moins de 50 salariés. En revanche, ce sont dans les entreprises de taille moyenne, celles dont les effectifs ne dépassent pas 200 salariés, que le nombre de projets à le plus augmenté (+26%).

Les services aux particuliers et aux entreprises sont ceux qui ont le plus l'intention de recruter, environ six embauches anticipées sur dix proviennent de ces deux secteurs. Ils regroupent des métiers allant d'agent d'entretien à aide soignant, en passant par chauffeur routier et artiste (pour les centres de loisirs par exemple, les professeurs d'art sont aussi très demandés). Ces deux derniers font partie à la fois des métiers les plus recherchés et ceux qui ont enregistré la plus forte hausse des projets de recrutement par rapport à l'année dernière. On retrouve également les grands classiques, comme les cuisiniers et les ingénieurs en informatique. 

Parmi les secteurs où le nombre de projets augmente le plus, on retrouve les services, mais c'est la construction qui arrive en tête (26%). Les maçons, notamment, sont beaucoup plus demandés. Les intention de recrutement sont aussi très dynamique dans l'industrie (20%).

Sans surprise, les projets de recrutement se concentrent dans les grandes métropoles, la cote Atlantique et le Sud-Est. La région Pays-de-la-Loire, dont le taux de chômage est le plus faible du pays, enregistre la plus forte hausse (+25%) mais les Hauts-de-France, qui affichent le taux de chômage le plus haut, sont tout de même sur la troisième place du podium (+18%).

Métiers les plus recherchés 2019.png
Métiers les plus recherchés 2019.png © -

Des difficultés plus fortes pour trouver le bon candidat

Une fois encore, ces projets d'embauche ne sont que des prévisions. Tout de même, Pôle emploi a constaté que 80% des recruteurs ont concrétisé au moins une embauche en 2018. Pour y parvenir, la chose n'est pas aisée. Les entreprises anticipent même que la moitié de leurs projets de recrutement seront difficiles à réaliser (+0,7 point). "Il s'agit du plus fort taux anticipé depuis 2010, on dépasse cette année les 50%", indique Jean Bassères. Toutefois, on est encore loin des 60% atteints avant la crise de 2008.

Les métiers les plus touchés sont dans le bâtiment, à l'instar de couvreur-zingueur, charpentier et plombier-chauffagiste où les taux de difficulté approchent voire dépassent les 80%. Idem dans l'industrie, notamment automobile où il est complexe de recruter des carrossiers ou des mécaniciens pour les voitures thermiques comme électriques. "Ce phénomène est lié à la forte progression du nombre de projets" dans ces secteurs, explique l'étude. Pour des raisons différentes, il est aussi très difficile de trouver des aides à domicile, des conducteurs routiers et des médecins.

Les deux raisons les plus citées par les employeurs demeurent la pénurie de candidats (79%) et l'inadéquation entre les compétences des candidats et celles requises pour le poste (76%). Par profil inadéquat, les entreprises pointent en priorité le manque d'expérience professionnelle, qui touchent surtout les jeunes, mais aussi le manque de compétences techniques et de diplômes.

Quatre employeurs sur dix évoquent également des difficultés liés au savoir-être des candidats, au relationnel. Loin derrière, ils estiment que les conditions de travail (salaire, pénibilité, horaires...) -qui ne sont plus citées que par 35% des interrogées contre la moitié en 2018-, les moyens financiers, le déficit d'image ou encore l'accès au lieu de travail vont leur compliquer la tâche. Pôle emploi compte d'ailleurs repenser l'aide à la mobilité et expérimenter des jumelages entre les régions pour tenter de résoudre ce problème.

Jean-Christophe Catalon