Les différences de salaires entre hommes et femmes sont très liées au nombre d'enfants élevés
Mener une brillante carrière ou bien avoir une vie de famille épanouie, pour les femmes la question se pose encore trop souvent. L'Insee vient de publier une analyse sur l'influence de la taille du foyer dans les inégalités salariales entre hommes et femmes. Si la carrière des pères n'est pas affectée au fur et à mesure que leur famille s'agrandit, le destin des femmes est tout autre.
En moyenne, les femmes salariées gagnent 18% de moins que leurs homologues masculins. Mais cette inégalité s'accroît au fur et à mesure de l'avancée de leur carrière. Dans le détail, à 25 ans, les femmes gagnent environ 6% de moins que les hommes du même âge. Dix ans plus tard l'écart est de 13%, et à 45 ans il est de 20%.
Cette évolution s'explique par l'accroissement des écarts pour les salariés ayant des enfants: les mères de 25 ans gagnent 11% de moins que les pères du même âge, et l'écart atteint 25% à 45 ans. Alors que la différence de salaire entre des salariés sans enfant se maintient tout au long de la carrière aux alentours de 7%.
Les femmes privilégient l'équilibre vie privée-vie pro
Plusieurs facteurs expliquent l'incidence de la maternité sur l'évolution des salaires des femmes. L'Insee note une baisse de salaire des mères, de l'ordre de 2% à 3%, après la naissance d'un enfant. Cette perte s'aggrave ensuite par des choix de carrière différents: les mères vont privilégier les entreprises qui leur offre des horaires flexibles ou qui sont situées à proximité de leur domicile, afin de se préserver du temps pour leur famille. Or ce ne sont pas les entreprises qui offrent les meilleurs salaires, alors que les pères optent plus fréquemment pour des emplois dans des sociétés qui versent les salaires et les primes les plus rémunératrices. "Les mères, plus que les pères, travaillent dans des entreprises dans lesquelles une plus grande part de salariés est rémunérée au Smic", met en avant l'Insee.
L'arrivée d'un deuxième enfant marque une rupture supplémentaire pour les femmes, puisque l'écart de salaire est alors près de deux fois plus important que pour les salariés sans enfant. C'est en effet le moment où de nombreuses femmes ayant un petit salaire font le choix de s'arrêter, ou de passer au temps partiel. Cette rupture se paiera ensuite dans l'évolution ultérieure de leur carrière.
Moins de mobilité professionnelle que les hommes
Autre frein à l'augmentation de leur salaire: ces femmes ne privilégient pas les opportunités professionnelles qui pourraient leur permettre de décrocher une augmentation. Elles sont moins enclines à changer d'employeur "en particulier entre deux années avant et dix années après une naissance, périodes de fortes progressions de carrière chez les hommes", explique l'Insee.
Les entreprises auraient aussi leur part de responsabilité, puisque celles versant les plus hautes rémunérations peuvent être réticentes à embaucher ou bien à retenir leurs salariées ayant une famille. Cependant, l'Insee n'est pas en mesure de trancher sur ce point, l'étude n'ayant pas été orientée sur les motivations des salariés et des employeurs.