La reprise économique menacée par les difficultés de recrutement

Malgré la reprise économique qui se profile à l'horizon, plusieurs indicateurs montrent que les pénuries de main d'œuvre atteignent des records.

La reprise économique se profile à l'horizon avec des indicateurs tous au vert. Mais pour les chefs d'entreprises, cette reprise pourrait être freinée par les difficultés de recrutement, avec des pénuries de main d'oeuvre qui atteignent aujourd'hui des niveaux rarement atteints.

Plusieurs indicateurs témoignent en effet de cette situation de tensions sur le marché de l'emploi. Tout d'abord le taux de postes non pourvus dans les entreprises de plus de 10 salariés, en forte augmentation au deuxième trimestre, à +21%. Cela représente 264.000 emplois vacants actuellement. Surtout, ce taux n'avait plus été aussi élevé depuis 2015, indique le ministère du travail.

Autre alerte, donnée cette fois par la Banque de France. Dans sa dernière enquête, l'institution affirme que près d'une entreprise sur deux rencontre aujourd'hui des difficultés de recrutement. Une part en hausse par rapport aux précédentes enquêtes.

Les secteurs en difficulté

Dans l'industrie, 1 entreprise sur 3 peine à trouver des collaborateurs aujourd'hui. C'est encore pire dans les services: 53% des patrons déclarent rencontrer des difficultés de recrutement actuellement.

Une tension qui se ressent particulièrement dans les métiers de l'hôtellerie restauration. Des métiers qui ont été désertés ces derniers mois à cause de la crise sanitaire. En 2020, pas moins de 110.000 salariés des bars et restaurants ont décidé de se reconvertir et de changer de vie.

Enfin, le secteur du bâtiment souffre lui aussi d'une pénurie de main d'oeuvre importante. 54% des entreprises de la construction n'arrivent pas à recruter comme elles le souhaiteraient. Les métiers de charpentiers, de couvreurs, géomètres ou de tuyauteurs sont aujourd'hui parmi les plus difficiles à embaucher, selon les données de Pôle Emploi.

Des augmentations de salaires à attendre?

Dans ce contexte, la problématique des rémunérations représente l'un des grands sujets pour les patrons réunis aujourd'hui par le Medef à l'occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France.

Son président Geoffroy Roux de Bezieux estime par exemple qu'au vu de ces difficultés, il y a aura "forcément des augmentations de salaires assez significatives l'année prochaine".

Pour répondre aux difficultés de recrutement, le ministre de l'Economie a estimé ce mercredi que les entreprises doivent se rendre plus attractives en proposant de meilleurs niveaux de rémunération.

"J'attends d'eux [les entrepreneurs] qu'ils embauchent et ils le font. J'attends d'eux qu'ils investissent et ils le font. La troisième chose que je propose c'est que nous nous mettions tous autour d'une table et que nous regardions secteur par secteur, type d'activité par type d'activité, type de contrat par type de contrat pour voir quels sont les problèmes de rémunérations qui continuent à se poser en France. Le travail doit payer", a assuré Bruno Le Maire.

Raphael Couderc, avec J.B.