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Geoffroy Roux de Bézieux: "Il faut sortir de la logique low-cost pour augmenter les salaires"

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, lors de l'ouverture de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) à l'hipprodrome de Longchamp à Paris, le 24 août 2021

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, lors de l'ouverture de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) à l'hipprodrome de Longchamp à Paris, le 24 août 2021 - Eric PIERMONT © 2019 AFP

Pressées par le gouvernement pour augmenter les salaires, les entreprises répondent par la voix du président du Medef qu'il faudra en accepter les conséquences inflationnistes.

"Le travail doit payer." C'est le message martelé par Bruno Le Maire ce mercredi à l'université d'été du Medef. Invité sur BFM Business, Geoffroy Roux de Bezieux s'est montré sceptique sur la solution prônée par le gouvernement.

"Je ne suis pas sûr que ce soit à Bruno Le Maire de savoir s'il faut augmenter ou pas les salaires, assure le président du Medef. C'est au chef d'entreprise de le décider."

Le patron des patrons estime par ailleurs que les entreprises françaises n'ont pas à rougir de leur politique salariale durant la crise.

"Les salaires ont été augmentés, le pouvoir d'achat a augmenté en 2020, c'est quand même un cas très particulier en pleine crise, le pouvoir d'achat qui augmente, rappelle Geoffroy Roux de Bezieux. Par ailleurs, la France est le pays où l'on partage le mieux la croissance. C'est le pays où il y a le plus d'actionnariat salarié, c'est le pays où il y a l'intéressement et la participation."

Sur le principe, le patron du Medef n'est pas hostile à l'augmentation des salaires. Mais il faudra selon lui en accepter les conséquences inflationnistes.

"Il ne faut pas se tromper, met-il en garde. Si on augmente par exemple les salaires dans la restauration, la conséquence immédiate c'est l'inflation. Et il faut qu'on réfléchisse collectivement à sortir de l'économie trop low-cost. Autre exemple: le nettoyage: ce sont des horaires très compliqués, c'est payé au Smic. Et on nous dit que ce sont ces fameuses secondes lignes qui ne sont pas assez payées. Oui mais dans les fonctions de nettoyage, il faut que les appels d'offre des grandes entreprises et de l'Etat ne soient pas juste au mieux disant financier. Car ce sont des métiers où les salaires représentent 80 à 90% de la valeur ajoutée."

L'attractivité des emplois pas seule en cause

Pour augmenter massivement les salaires, c'est le logiciel du low-cost qui concerne l'ensemble de l'économie et de la commande publique qu'il faut changer. Ce qui de l'aveu même du patron du Medef sera long et complexe.

Et s'il reconnaît que les entreprises ont du mal à recruter, l'attractivité des emplois n'est pas seule en cause selon lui.

"C'est multifactoriel, estime Geoffroy Roux de Bezieux. La rémunération et la qualité du travail jouent. Mais il y a d'autres éléments: d'abord il y a la géographie. On est le pays de l'OCDE où les salariés se déplacent le moins pour changer de travail. Et ça il faut y travailler. Il y a ensuite des problèmes de formations: souvent les formations ne sont pas adaptées aux offres d'emplois."

Le dernier point d'achoppement évoqué par le président du Medef est celui de l'assurance chômage.

"On a un système qui est très coûteux, très complexe et qui dans certains cas décourage des salariés de reprendre un emploi, il vaut mieux dans certains cas faire de la "permitence" c'est à dire alterner des périodes de travail très courtes, des périodes de chômage, le revenu est à peu près le même que si on travaille à plein temps", estime-t-il.

Avec la réforme chômage qui devrait entrer en application dans son ensemble en octobre, le gouvernement espère que ce dernier point sera réglé.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco